Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/104

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L’assemblage des bordages de la Neshamony n’offrit pas beaucoup de difficultés, mais il n’en fut pas de même du calfatage. Quoique Bob ne fût pas tout à fait novice dans cette partie il lui fallut quinze grands jours pour en venir à bout. Pendant qu’il y travaillait, il fit encore, en rôdant dans la cale du Rancocus pour y chercher quelques chevilles, une véritable trouvaille. C’était une quantité de vieux cuivre, entassé dans un coin, et sur lequel était écrit « cuivre pour la pinasse ; » nouvelle attention de l’Ami Abraham, qui, songeant aux vers qui abondaient dans ces basses latitudes, avait acheté le cuivre d’un vieux bâtiment qu’on venait de démolir, pour en doubler son embarcation. Dès que les coutures furent brayées comme il faut, les plaques de cuivre furent appliquées, ce qui ne prit pas beaucoup de temps ; alors il n’y eut plus que le pinceau à faire agir. Les peintres ne furent pas moins habiles que les calfats, et la toilette de la pinasse se trouva complètement faite. Il n’avait pas fallu moins de huit semaines d’un travail sans relâche pour achever cette besogne, et l’été avançait rapidement. La pose du pont fut ce qui donna le plus de peine, parce qu’il ne couvrait pas toute la surface de l’embarcation, mais qu’on avait ménagé à l’arrière de petites chambres pour la commodité des passagers.

Cette grande opération heureusement terminée, il en restait une autre qui n’était ni moins importante ni moins difficile ; car jusqu’alors la besogne avait été en quelque sorte taillée d’avance, il ne s’était agi que d’ajuster des pièces toutes préparées ; mais il fallait maintenant lancer la pinasse.

Nos deux marins avaient souvent vu des bâtiments sur le berceau, et ils avaient quelque idée de la manière dont il fallait s’y prendre. Marc avait placé la quille aussi près de l’eau qu’il avait été possible, et cette précaution leur épargnait beaucoup de peines. Il ne manquait pas de vieilles planches pour former les coittes du berceau ; mais la difficulté était de les établir de manière à ce qu’elles ne se rapprochassent pas trop. Les poteaux qui soutenaient la tente leur furent d’un grand secours. Des