Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/132

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chaque instant des découvertes nouvelles, et au lieu des planches qu’il cherchait, il trouva successivement une étrave, une arcasse et une quille pour une embarcation de dix-huit pieds. Notre ami enchanté se hâta de porter au chantier, à l’aide du radeau, ces matériaux précieux.

Pendant les deux mois qui suivirent, Marc travailla constamment à sa nouvelle construction. C’était pour lui une rude besogne, surtout parce qu’il était seul. Ainsi il eut toutes les peines du monde à hisser de nouveau la grande voile qui formait le toit du chantier. Les palans ordinaires ne suffirent pas ; il lui fallut établir un cabestan volant à l’aide duquel il en vint à bout, et qu’il réserva pour d’autres usages.

Ce qui lui prit beaucoup de temps, ce fut le plan de l’embarcation. Marc savait bien reconnaître si un bâtiment avait de beaux fonds ; mais, les faire, c’était une toute autre chose. Il n’avait aucune connaissance du dessin, et la justesse de son coup d’œil était son seul guide. Il adopta une méthode assez ingénieuse, mais qu’il serait difficile d’appliquer à la construction d’un grand navire.

Comme il avait beaucoup de bois de sapin, il scia deux fois autant de planches qu’il lui en fallait pour un seul côté de son embarcation, et il les mit en place. Il commença alors à les tailler et à les réduire jusqu’à ce qu’elles eussent à peu près la dimension qu’il croyait convenable. Il ne se borna pas à ce premier travail, il passa encore toute une semaine à les polir et à les aplanir à l’aide de l’herminette, ramenant ses lignes à de justes proportions. Satisfait enfin du fond qu’il avait ainsi façonné, Marc détacha la moitié de ses pièces, en laissant les autres en place. Ce fut d’après ces patrons qu’il scia et coupa les couples de son embarcation, toujours en nombre double de ce qui lui était nécessaire. Quand les couples et les varangues furent prêts, il les intercala dans les vides et les assujettit en ayant soin de les adapter aux pièces laissées en place. En abattant ensuite ce qui restait de planches de sapin, Marc se trouva avoir la carcasse de son embarcation complète. Ce fut la partie