CHAPITRE XI.
Nous dormons au bruit des tempêtes,
Et malgré les feux dévorants
Que le sol ébranlé peut vomir de ses flancs !
Au milieu des débris, nous célébrons des fêtes,
Et nous dansons sur des volcans !
été était revenu avant que l’embarcation fût prête à prendre
la mer. Marc avait voulu terminer jusqu’aux moindres détails,
avant de la mettre à l’eau. Dans la crainte des vers, il profita de
ce qu’il lui restait encore un peu de vieux cuivre pour en doubler
les bordages ; il la peignit en dedans comme au dehors avec
goût et avec amour. Quoiqu’il n’y eût que Kitty à qui il pût
parler, il n’oublia pas d’écrire en belles lettres le nom qu’il lui
donnait, dans un endroit où il pût toujours le voir. C’était Brigitte
Yardley ; et Marc lui trouvait si bonne tournure qu’il lui
semblait qu’aucun nom ne lui convenait mieux. Quand enfin
tous les arrangements furent terminés, et que les mâts et les
voiles furent en place, le jeune marin ne pensa plus qu’à lancer
son petit bâtiment.
Sentant bien que, réduit à ses propres forces, il ne pouvait mouvoir une masse semblable, il avait eu soin de poser la quille sur le même plan incliné qui avait reçu la Neshamony. La construction du berceau n’était pas une grande affaire ; ce fut l’ouvrage de quelques jours, et il ne restait plus qu’à dégager la Brigitte des pièces de bois qui la maintenaient, et à l’abandonner à elle-même.
À ce moment suprême, Marc fut assailli d’une foule de sensations qu’il ne pouvait maîtriser. Ses genoux fléchirent, et il fut obligé de s’asseoir un instant.
Quelles seraient les conséquences de l’événement qui se préparait ? Qui savait si la Brigitte n’était pas destinée à le trans-