Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/146

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c’était à peu près le moment du plein de la mer, et la crue étant ordinairement de près de vingt pouces, il était clair que, par certains vents, le bon vieux navire serait bien près de toucher. Quant à l’espoir de le faire jamais sortir du bassin où il était amarré, il fallait y renoncer complètement, car il se trouvait dans une sorte de cavité où il y avait six à huit pieds d’eau de plus qu’à cent verges de distance dans tous les sens.

Ces faits bien constatés, Marc partit à pied, le fusil sur l’épaule, pour visiter les nouveaux domaines qui venaient d’être ajoutés à son territoire. Il se dirigea d’abord vers la pointe où il lui semblait que la vaste étendue de bas-fonds qui se prolongeait vers l’ouest était devenue partie intégrante du Récif. Cette cohésion, si elle existait réellement, avait lieu par deux langues étroites de rochers, de hauteur égale, produit toutes les deux de la dernière éruption. Des bancs de sable se montraient par intervalles sur les bords considérablement agrandis, du Récif primitif, tandis qu’avant le tremblement de terre, ce n’étaient partout que des rochers presque perpendiculaires.

Marc, dans son impatience, pressait le pas pour arriver plus vite à la pointe en question, qui n’était pas à une grande distance du chantier, lorsque, arrivé près d’un de ces bancs de nouvelle formation, il remarqua que de l’eau, qui semblait sortir de dessous la lave du Récif, coulait à travers le sable. Il crut d’abord que c’étaient les restes de quelque infiltration des eaux de l’Océan qui avaient pénétré dans une cavité intérieure et qui, obéissant à la grande loi de la nature, cherchaient à retrouver leur niveau, en se frayant un passage à travers les crevasses des rochers. C’était pour lui un spectacle si attrayant de voir de l’eau, quelle qu’elle fût, sortir de dessous terre, que le jeune marin sauta sur le sable pour la considérer de plus près. Il en prit un peu dans le creux de la main, et quelle fut sa joie de reconnaître qu’elle était douce et d’une fraîcheur délicieuse ! Voilà donc cette source, après laquelle il soupirait depuis si longtemps, qui lui était offerte inopinément, comme un don direct du ciel ! Non, l’avare qui trouve un monceau d’or enfoui