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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/149

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lever graduellement, quoique une colonne de fumée, qui semblait sortir de la mer continuât à monter vers un nuage épais qui semblait suspendu sur ce point. D’abord il n’aperçut qu’une masse sombre et informe, mais à mesure que le brouillard se dissipa, il distingua, à ne pouvoir s’y méprendre, une montagne fortement labourée qui n’avait pas moins de mille pieds de hauteur, ni d’une lieue d’étendue. Cette preuve du pouvoir de la nature remplit l’âme du jeune homme de recueillement et de respect pour l’Être tout-puissant qui pouvait remuer à volonté des masses si énormes. Si quelque chose avait pu diminuer son impatience de quitter ce lieu d’exil, c’eût été assurément un semblable spectacle, car celui qui vit au milieu de scènes de ce genre se sent bien plus près de Dieu que ceux qui demeurent dans l’enceinte d’une ville au milieu d’une profonde sécurité.

N’avait-il pas à s’applaudir aussi que cette dislocation de rochers eût eu lieu à une distance qu’il évaluait à dix ou quinze milles, qui en réalité était de plus de cinquante ? Non loin de la montagne, de sombres vapeurs continuaient à sortir de la mer, et Marc crut, par moments, distinguer à sa base le foyer ardent d’un cratère.

Après avoir regardé longtemps ces changements incroyables, il descendit de la hauteur et reprit le chemin du Récif, précédé de Kitty. Un mille avant d’arriver, il passa devant les porcs qui, enfoncés dans une couche épaisse de vase, semblaient y dormir le plus voluptueusement du monde.





CHAPITRE XII.


J’exclus de mes États la noire trahison,
L’intrigue, les poignards, les mousquets, le canon ;
Prodigue de ses dons, chaque jour la nature
À mon peuple innocent les livre sans culture.

La Tempête



Pendant les dix jours qui suivirent, Marc Woolston ne fit guère autre chose qu’explorer « le pays. » En traversant le