Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/166

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À ce signal Marc s’élança dans le ravin, se mit à courir à toutes jambes, au risque de se casser mille fois le cou. C’était tout autre chose de descendre une pareille montagne que de la gravir. En moins d’un quart d’heure, notre ermite hors d’haleine était à bord de la Brigitte, tremblant de crainte de ne pas trouver son ami, car c’était bien Bob qui cherchait le Récif ; il n’en avait pas le plus léger doute. Il démarra sur-le-champ, sortit au plus vite de la petite anse où il s’était abrité, et fit force de voiles. Au moment où il parait le dernier rocher, un nouveau cri lui échappa, la vue de la Neshamony qui n’était qu’a cent brasses de lui, et qui rangeait la côte, cherchant un lieu pour aborder. Le cri fut répété sur l’autre bord, et Marc et Bob se reconnurent au même instant. Bob jeta son bonnet en l’air et poussa trois acclamations de joie, tandis que Marc tombait sur son banc, hors d’état de rester debout. L’écoute de la voile échappa de sa main, et il n’aurait pu dire ce qui s’était passé jusqu’au moment où il se trouva dans les bras de son ami, à bord de la pinasse.

Il s’écoula une grande demi-heure avant que Marc fût maître de lui-même. À la fin, des larmes le soulagèrent, et il ne rougit pas de montrer son émotion, lorsqu’il retrouvait son vieux compagnon. Il s’aperçut qu’il y avait un autre individu à bord ; mais comme il avait la peau basanée, il en conclut naturellement que c’était un naturel de quelque île voisine où Bob avait sans doute abordé, et qui avait consenti à l’accompagner. Ce fut Bob qui rompit le premier le silence.

— Par ma foi ! monsieur Marc, il ne pouvait m’arriver rien de plus heureux que de vous revoir, s’écria l’honnête garçon. Savez-vous que je tremblais de tous mes membres en partant pour ma croisière, et que je n’étais rien moins que sûr de vous trouver ?

— Merci, Bob, merci ; et Dieu soit loué de sa grande bonté ! Il paraît, d’après la compagnie dans laquelle je vous trouve, que vous avez été dans quelque autre île ; mais ce qu’il y a de merveilleux dans tout cela, c’est que vous ayez pu retrouver le Ré-