Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au bout de ces huit jours, une terre se montra sous le vent, et Bob mit aussitôt le cap de ce côté, dans l’espoir de trouver des habitants ; mais son attente fut trompée. C’était une montagne volcanique qui avait une grande analogie avec le Pic de Vulcain, mais entièrement déserte. Il lui donna le nom de son ancien bâtiment, et y passa plusieurs jours. À la description qu’il en fit, à la position qu’il lui donna, Marc ne douta pas que ce ne fût l’île qu’on voyait du haut du Pic, et qu’il avait regardée avec tant d’intérêt pendant plus d’une heure ; et, des explications qu’il donna à son tour, il résulta qu’il ne s’était pas trompé.

Du point le plus élevé de l’île Rancocus, on voyait d’autres terres au nord et à l’ouest, et Bob résolut de se diriger de ce côté, dans l’espoir d’y rencontrer quelques bâtiments cherchant à s’approvisionner de cire et de bois de sandal. À cent lieues environ de sa montagne volcanique, il rencontra un groupe d’îles basses, qui, cette fois, étaient habitées. Les naturels étaient accoutumés à voir des hommes blancs, et ils étaient d’une douceur remarquable. Sans doute l’apparition soudaine de la Neshamony, avec un seul homme pour tout équipage, leur parut se lier à quelque intervention miraculeuse de leurs dieux ; car, lorsque Bob débarqua, il n’y eut pas d’honneurs qu’on ne lui rendît, ainsi qu’à son bâtiment. Le malin compère vit bientôt le parti qu’il pourrait tirer de cette erreur, et il se laissa faire de la meilleure grâce du monde. Il ne tarda pas à se lier de l’amitié la plus intime avec le chef, changeant de nom et se frottant le nez avec lui. Ce chef s’appela donc Betto après l’échange, et Bob fut nommé Ooroony par les naturels. Ooroony resta un mois avec Betto, et ils entreprirent alors un voyage ensemble sur un canot, pour visiter un autre groupe d’îles, à deux ou trois cents milles plus au nord, où Bob comprit qu’il trouverait un bâtiment. Le fait était vrai. Ce bâtiment était espagnol, de l’Amérique du Sud, employé à la pêche des perles, et au moment de mettre à la voile pour son pays.

Par suite de quelque mésintelligence avec le capitaine espa-