Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/203

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emplacement admirable pour un moulin. Avoir un pareil trésor sous la main et ne pas l’exploiter, c’était ce qu’il ne se serait pardonné jamais. Il s’adjoignit Peters, qui, comme lui, avait du goût pour la mécanique, et tous deux se mirent à construire un moulin propre à scier des planches. Ils avaient l’instrument principal, la scie, et au bout de trois mois, après bien des tâtonnements, après bien des essais, le succès était complet, et la scierie en pleine activité.

Ces travaux, quoique poursuivis avec ardeur, n’empêchaient pas les voyages ordinaires. Il fallut aussi songer à préparer des logements pour la saison des pluies qui approchait. Quoique le froid ne fût jamais rigoureux, il n’eût pas été agréable de rester renfermés des journées entières sous de simples huttes, exposés à l’humidité. Maintenant que le moulin était là pour fournir autant de planches de sapin qu’il en faudrait, la construction d’une maison n’offrait pas de grandes difficultés. Heaton y mit quelques prétentions ; il voulut qu’elle fût non-seulement commode, mais distribuée avec goût. Il ne la fit que d’un étage, mais de cent pieds de long sur cinquante de large. Des murs en planches sont bientôt construits : la maison s’éleva comme par enchantement. Les planchers furent l’objet d’un soin particulier ; on se donna le luxe de fenêtres, et même de fenêtres vitrées, grâce à une petite provision de verres que les colons avaient apportée. Enfin il n’y eut pas jusqu’à la peinture qui ne fut mise à contribution pour l’embellissement de la demeure, et nous avons déjà vu que les magasins du Rancocus offraient sous ce rapport de précieuses ressources.

Une seule chose embarrassait Heaton, c’était la construction d’une cheminée ; il n’avait ni briques, ni chaux. Pour des briques, il dit qu’il parviendrait en faire, et il en fit en effet quelques-unes ; mais de la chaux ? c’était plus embarrassant. Socrate vint à son secours en lui conseillant de brûler des écailles d’huîtres. Il ne s’agissait plus que de trouver les huîtres. À force de pêcher dans les divers canaux qui entouraient le Récif, il finit par en découvrir un banc considérable, et les bateaux n’eurent