Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/208

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accident, et la flotte entière était venue débarquer à l’endroit même où Betts avait campé à son retour avec les nouveaux colons. Près d’un mois s’était passé à explorer la montagne, spectacle tout nouveau pour la plupart des Indiens, et à faire leurs préparatifs pour la suite de leurs opérations. Pendant ce temps un grand nombre d’entre eux avaient vu le Pic de Vulcain, ainsi que la fumée du volcan, bien que le Récif, avec toutes ses îles, ne s’élevât pas assez pour être aperçu d’une si grande distance. Le Pic devint alors le but de leur convoitise, car on ne doutait pas que ce ne fût là que Betts et les autres blancs s’étaient retirés avec leurs trésors. Certes l’île Rancocus avait son mérite, et Waally prenait déjà ses mesures pour y fonder un établissement ; mais la montagne qui se montrait au loin devait être une acquisition bien plus précieuse, puisque les blancs avaient amené leurs femmes de si loin pour l’habiter avec eux.

Uncus et Peggy avaient été instruits de ce qui se préparait, Peggy aurait pu attendre patiemment le départ de l’expédition, si elle n’eût appris que des menaces de châtiment exemplaire contre les deux déserteurs, dont l’un était son mari, s’étaient échappées des lèvres du terrible Waally lui-même. À cette nouvelle, la fidèle Indienne ne laissa pas de trêve à son frère qu’il n’eût consenti à partir avec elle sur une pirogue qui lui appartenait. Elle y réussit d’autant mieux qu’Uncus n’aimait pas Waally, et qu’il était en secret partisan d’Ooorony.

Le frère et la sœur partirent un soir de l’île Rancocus, et prirent ce qu’ils croyaient être la direction du Pic. On se rappelle que ce n’était qu’au milieu de la traversée qu’on pouvait l’apercevoir de l’Océan, bien qu’on le vît distinctement des hauteurs de l’île. Le lendemain matin, la fumée du volcan s’élevait devant eux, mais le Pic ne se montrait nulle part. Il est probable que la pirogue s’était trop avancée vers le sud, et qu’ils s’éloignaient en diagonale de l’endroit qu’ils voulaient atteindre, au lieu de s’en approcher. Uncus et sa sœur continuèrent à faire usage de leurs pagaies pour se diriger vers la fumée ; et, après trente-six heures de fatigues presque continues, ils réussirent à