Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/235

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ment trouver un bâtiment armé, équipé, et prêt à prendre la mer aussitôt que les officiers auraient appris le danger qui les menaçait : aussi n’hésitaient-ils point à unir leur fortune à celle des blancs inconnus, plutôt que de rester davantage avec Waally. La liberté a des charmes que rien ne saurait compenser, et les deux loups de mer, qui avaient passé toute leur vie sous le joug d’un travail pénible, aimaient mieux retourner à leur ancien esclavage que de vivre plus longtemps avec Waally dans la sauvage abondance de sa cour. La fuite était assez facile à la faveur de l’obscurité, et Brown et Wattles étaient restés sur le rivage sous prétexte de s’assurer du caractère des colons inconnus à des signes auxquels, eux, ils ne pouvaient se tromper.

Telles furent les explications que les deux marins retrouvés donnèrent à leur ancien officier. En retour, le gouverneur leur raconta brièvement la manière dont le bâtiment avait été sauvé, ainsi que l’histoire de la colonie jusqu’à ce moment. Lorsque les deux récits furent terminés, on tint conseil sur les dispositions à prendre. Brown et son compagnon, quoique enchantés de revoir leurs anciens camarades, étaient grandement désappointés de ne point trouver, comme ils s’y attendaient, un bâtiment prêt à partir et à les emmener. Ils ne se firent pas scrupule d’exprimer leurs regrets tout haut, car, ajoutaient-ils, maintenant qu’ils voyaient l’état du Récif, ils auraient pu, en restant avec Waally, rendre plus de services à leurs amis qu’en prenant le parti de la fuite. Mais ces remords ou ces regrets venaient un peu tard ; et, quant au service où ils venaient d’entrer, ils l’acceptèrent franchement, sinon aussi joyeusement qu’ils l’avaient prévu.

Le gouverneur et Bob virent bien que Brown et Wattles avaient une haute idée des talents militaires du chef indien. Ils le proclamaient non-seulement un brave mais un habile guerrier, plein d’adresse et de ruses. Brown dit à Marc que le nombre d’hommes qui accompagnaient Waally n’était pas de neuf cents, au lieu de dépasser mille, suivant l’évaluation qui avait été faite sur les rochers. Cette méprise, comme on le sut