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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/249

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bassin naturel, que l’art n’aurait pu rendre, ni plus sûr, ni surtout plus commode. Il n’était pas à supposer que les productions de l’île vinssent à s’accroître dans une proportion supérieure aux moyens de transport qu’avaient les habitants.

Le gouverneur convoqua alors un conseil général de la colonie. Les sept marins y furent admis, comme tous les autres, à l’exception d’un ou deux hommes restés au Cratère, et la discussion s’engagea non-seulement avec calme, mais encore avec une certaine solennité. Tout d’abord, la constitution de la colonie et ses projets furent soumis aux sept nouveaux venus, qui furent engagés à exposer leurs intentions. Quatre d’entre eux y compris Brown, signèrent la constitution, et furent reçus citoyens du Récif. C’était leur désir de passer le reste de leur vie dans ce délicieux climat, au milieu de ces îles riches et fertiles. Les trois autres s’engagèrent au service de Marc pour un temps limité ; ils désiraient retourner ensuite en Amérique. La colonie manquait de femmes ; et le gouverneur vit bien que cette privation serait cruelle pour ses compagnons. Entre nous soit dit lorsque la femme entre dans la maison de son mari, c’est peut-être aussi souvent le malheur que le bonheur qui y entre à sa suite. Mais, en pareille matière, chacun veut en faire une expérience personnelle, plutôt que de s’en rapporter l’expérience d’autrui.

Lorsque les nouveaux colons eurent été proclamés citoyens du Récif, et que leur engagement fut bien en règle, le gouverneur exposa au conseil ses scrupules. On avait cru longtemps que le Rancocus ne pourrait être tiré du bassin où Marc et Bob l’avaient amené. L’éruption l’avait enfermé dans un trou, où il y avait juste assez d’eau pour le maintenir à flot, la plus grande profondeur étant de douze pieds. Lorsqu’on avait lancé le Rancocus, il tirait treize pieds d’eau, et Bob le savait bien, puisqu’il était à bord à cette époque. Mais Brown suggéra le moyen de donner au bâtiment dix-huit ou vingt pouces d’eau, afin de le sortir des rochers où il était retenu prisonnier. Une fois libre, rien de plus aisé que de le conduire en pleine mer, attendu que