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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/267

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de l’avant. Un affreux soupçon traversa alors l’esprit de Marc : une nouvelle convulsion de la nature aurait-elle englouti les îles ? Mais cette crainte ne dura qu’un instant, car bientôt le cri : « Une voile » se fit entendre, et fut répété par tout l’équipage.

C’était le premier navire que voyait le Rancocus depuis son départ de Rio. Au bout d’une heure, les deux bâtiments furent assez rapprochés pour qu’on pût, à l’aide de la lunette, distinguer réciproquement les objets et la dunette du Rancocus fut bientôt érigée en un observatoire, d’où le nouveau venu était attentivement examiné.

— C’est la Sirène ! dit Marc à Bob. Rien n’est plus certain. Mais que vient-elle faire ici, au vent des îles ? je ne sais qu’imaginer ?

— Peut-être, Monsieur, est-ce une croisière qu’on fait en notre honneur, répondit Bob. Oui, c’est à peu près le temps où ils doivent nous attendre ; je gagerais que mistress Woolston et l’Amie Marthe ont mis dans leur tête de venir à notre rencontre pour voir plus tôt leurs fidèles époux !

Ces mots firent sourire le gouverneur, qui continua ses observations, en silence.

— Sa marche est bien étrange, Bob, dit-il enfin. Regardez-la donc. Elle embarde comme une galiote, battue par le vent, et court des bordées comme un homme ivre. Il ne doit y avoir personne à la barre.

— Et comme sa voile, sauf votre respect, est mal établie ! Voyez donc le grand hunier ! une des écoutes n’est pas roidie ; la vergue est brassée à coeffer.

Le gouverneur, fort préoccupé, se promena sur le pont pendant cinq minutes, s’arrêtant de temps à autre pour considérer le bâtiment qui n’était plus qu’à une lieue du Rancocus. Soudain, il appella Bob.

— Ordonne le branle-bas ! cria-t-il. — Tout le monde à son poste !

Cet ordre mit tout en mouvement à bord. Les femmes et les