Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/276

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les mains des sauvages, sans l’arrivée fortuite d’un renfort. Les Indiens poussèrent leurs cris, lorsqu’ils virent que le pont était retiré, et aussitôt le poste placé sur le Récif leur envoya une terrible décharge. Ainsi commença le combat, qui s’engagea avec une furie et des clameurs prodigieuses. Waally ne savait de quel côté viser ; car il n’apercevait pas les hommes dont il essuyait le feu ; il ne pouvait les voir sur le Récif que par intervalles, ceux-ci se cachant derrière les anfractuosités des rochers. Waally, après avoir fait feu de sa mousqueterie, se décida à livrer l’assaut ; plusieurs centaines d’hommes se jetèrent à la nage, et, traversant le bassin, se dirigèrent vers le Cratère. Averti par ce mouvement, Bob se retira avec calme et en bon ordre vers la porte, laissant les sauvages gagner le Récif, sans les inquiéter. Ceux-ci prirent terre en foule, et se ruèrent de tous côtés, avides de pillage et altérés de sang. Bob passa immédiatement la porte avec ses hommes, la referma, sachant bien que ses efforts pour arrêter le torrent à l’extérieur seraient inutiles, et il ne songea plus qu’à la défense du Cratère.

Le plateau qui servait de citadelle n’avait pas, on s’en souvient, moins de cent acres de superficie, et cette étendue rendait la garnison insuffisante pour soutenir un siège. Il n’eût pas été possible de songer à s’y défendre sans la certitude d’être soutenu par des forces qui ne pouvaient être éloignées. Cette pensée encourageait la garnison, et la confiance triplait ses forces. Bob divisa ses hommes en petits détachements de deux, et les échelonna autour du plateau, avec ordre de veiller sans cesse, et de se soutenir mutuellement. Il savait bien qu’il n’était pas d’autre moyen de pénétrer au Cratère qu’en passant par la porte, à moins d’apporter des échelles, ou quelque machine de siège. Or, pendant les préparatifs de l’assaut, le jour serait complétement venu, et les colons auraient tout le temps de se porter en force suffisante sur le point menacé. La porte, en outre, était commandée par une caronade et gardée par un poste.

Waally fut cruellement désappointé, en s’apercevant que le Sommet ne pouvait être escaladé sans recourir à des moyens