Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/302

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Il est un fait que nous ne devons pas oublier de mentionner. Le gouverneur et le conseil promulguèrent un acte concernant la navigation, lequel avait pour but de réserver à la colonie le transport des produits. Le véritable motif de cet acte était bien plutôt de tenir les Indiens dans de certaines limites, que de vouloir s’assurer les bénéfices qui en résulteraient. Aux termes de la loi, aucun canot ne pouvait se rendre du Groupe de Betto aux îles de la Colonie, sans une permission expresse du gouverneur. À certains jours désignés, les deux parties se rencontraient dans un village d’Ooroony, pour y faire leurs échanges, et les bâtiments de la colonie ramenaient au Récif le bois de sandal. Dans le but de pouvoir transporter ensuite ces bois jusqu’à un marché, Saunders avait, dans ses instructions, l’ordre d’acheter un bâtiment convenable, qu’il ramènerait avec le Rancocus, et sur lequel il embarquerait les articles les plus nécessaires à la colonie, entre autres des vaches et des juments. Saunders se dirigea vers la côte occidentale du Cap Horn, afin de faire ses achats dans l’Amérique du Sud. Le bétail n’y était pas aussi beau, mais on évitait ainsi de doubler le Cap.

Après avoir parlé de tous les travaux, de toutes les améliorations apportées au Récif, il est nécessaire de dire un mot de l’île Rancocus. L’établissement des moulins, des fours à chaux et à briques, des carrières de pierres, conduisirent naturellement le gouverneur à élever une petite forteresse où toute la colonie pût trouver un refuge en cas de besoin. Cet ouvrage fut élevé rapidement, et l’on y monta deux pièces d’artillerie. Nulle part on ne négligeait les moyens de défense. Le Pic seul se défendait assez par sa position, et ses habitans étaient assez nombreux pour repousser les ennemis qui oseraient y aborder dans le cas où l’Anse Mignonne viendrait à être découverte. Il n’en était pas de même du Récif, qui offrait partout un libre accès. Sans doute la construction de maisons en pierre contribuait efficacement à la défense de la ville ; mais le gouverneur comprit la nécessité de songer aux moyens de défense du côté de la mer. Quatre passages distincts correspondant à chacun