Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/321

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nous soyons toujours tentés de croire que nous méritons ce qui nous arrive, pourvu que ce ne soient pas des revers. Marthe surtout, y pense pour nous deux, et suit les préceptes des Amis. Pour moi, c’est plus difficile, parce que j’ai commencé tard, comme vous savez.

— Oui, vous avez raison, les semences qui viennent le mieux sont celles qui sont confiées de bonne heure à la terre. Mais nous avons payé trop cher les leçons de l’expérience pour ne pas en profiter.

— Soyez tranquille, gouverneur, je marcherai droit. Mais je m’aperçois que je vous fais perdre votre temps, qui est trop précieux pour que j’en abuse comme autrefois. Venons au but de ma visite. Je vous félicite des deux nouveaux bricks que vous venez de mettre à l’eau.

— Merci mon ami ; est-ce que votre visite a rapport à l’un de ces bricks ?

— Précisément : je me suis pris d’amitié pour le Dragon, et m’est avis que je voudrais l’acheter.

— L’acheter, y pensez-vous ! savez-vous qu’il est d’un prix considérable, huit mille dollars environ ? Où trouveriez-vous cette somme ?

— En espèces, ce serait difficile ; mais, si de l’huile vaut de l’argent, j’ai trois cents barils tout prêts, et cent, entre autres d’une qualité supérieure.

— Eh ! bien, tope, capitaine Betts, j’achète votre huile, et vous aurez le brick. Je suis charmé qu’il passe entre les mains d’un vieux camarade.

— Entre nous, gouverneur, ne croyez-vous pas qu’à la course il est capable de battre le Jonas d’un demi-nœud ? c’est mon impression à moi.

— C’est aussi la mienne, bien que je n’aie pas voulu la manifester, pour ne pas décourager les constructeurs du Jonas.

— Eh ! bien me voilà sûr de ne pas m’être trompé ; car vous avez un coup d’œil auquel on peut se fier, et le Dragon ne s’endormira pas entre mes mains, je vous en réponds !