Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/361

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main, le charitable créancier se faisait mettre en possession de tous les biens hypothéqués.

Enfin, la presse vint achever ce que la prétendue religion et la science du droit avaient si bien commencé. Elle n’eut pas de cesse que la puissance n’eût passé, des autorités légalement constituées, dans ses bureaux. Le peuple fut bientôt convaincu qu’il avait vécu jusqu’alors sous une tyrannie insupportable, qu’il était temps qu’il sortît de son assoupissement, et qu’il se montrât digne de ses hautes destinées. Puis suivait une longue kyrielle de griefs, plus criants les uns que les autres. D’abord, qui avait été consulté sur les institutions ? un dixième de la population tout au plus ; les autres avaient été obligés de les accepter telles quelles. Ensuite les autorités actuelles n’avaient pas été nommées par la majorité ; ceux qui étaient arrivés dans l’île en dernier lieu avaient dû les reconnaître, sans avoir contribué à leur nomination. Il y avait là un thème incessant de déclamations et de plaintes. Pourtant le peuple n’aurait jamais soupçonné l’oppression sous laquelle il gémissait, sans l’arrivée si opportune de ce monsieur, qui savait faire un si merveilleux usage de la publicité. Quoiqu’il n’y eût aucune sorte d’impôt dans la colonie, et que pas un schelling n’y fût perçu sous aucune espèce de forme, il n’en déclarait pas moins que les habitants des îles étaient le peuple le plus pressuré de toute la chrétienté. Les taxes n’étaient rien, en Angleterre, auprès de cela, et il annonçait d’un ton d’oracle, que la banqueroute était à leurs portes, avec toutes ses conséquences désastreuses, si l’on ne s’empressait d’adopter les expédients qu’il proposait pour arrêter le mal. Nous n’essaierons pas de reproduire les arguments qu’il employait, ce qui nous entraînerait trop loin ; mais ceux de nos lecteurs qui font leur pâture ordinaire de la lecture des journaux, suppléeront facilement à notre silence.

À cette époque, un fait imprimé acquérait une toute autre autorité que s’il avait été attesté de vive voix par la personne la plus digne de foi, bien qu’il parût sous le voile de l’anonyme, et sans que le caractère même de l’écrivain pût en garantir