Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/101

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— Que dites-vous ? s’écria le capitaine, dressant les oreilles comme un chien qui sent le gibier ; déjà servi, dites-vous ?

— Il en a l’air, mon capitaine ; un vieux soldat se trompe rarement à cet égard ; et vu son déguisement (car je répondrais qu’il est déguisé), et l’endroit où nous l’avons arrêté, nous ne courons pas grand risque de le retenir jusqu’à ce que nous lui ayons fait signer son enrôlement, conformément aux lois du royaume.

— Silence ! dit Borroughcliffe en se levant et en décrivant un zigzag pour gagner la porte. Songez que vous parlez en présence d’un juge, et qu’il ne faut point parler des lois à la légère. Du reste, ce que vous dites est raisonnable, sergent ; donnez-moi votre bras, et conduisez-moi au corps-de-garde, car mes yeux ne me servent à rien par une nuit si sombre. Un commandant devrait toujours faire sa ronde avant qu’on batte la retraite.

Après avoir imité la courtoisie du colonel, en s’excusant auprès de M. Dillon de le laisser seul, le capitaine se retira en s’appuyant sur le bras de son sergent avec un air de condescendance familière.

Dillon, resté seul à table, s’abandonna à la rancune qui le dévorait, et qu’il exprima par un sourire satirique et méprisant, nécessairement perdu pour tous, lui seul excepté, qui contempla dans une grande glace, placée en face de lui, ses traits boudeurs et désagréables.

Mais il faut que nous allions au cloître attendre la visite du colonel.