CHAPITRE X.
L’aile occidentale de l’abbaye de Sainte-Ruth, comme on nommait généralement la maison habitée par le colonel Howard, ne conservait que peu de traces de son ancienne destination. Les chambres des étages supérieurs étaient en grand nombre, petites, et s’étendaient des deux côtés d’un long corridor bas et obscur. Elles avaient peut-être servi de cellules aux sœurs qui, disait-on, avaient habité autrefois cette partie de l’édifice. Mais le rez-de-chaussée avait été modernisé, pour nous servir du terme qu’on employait alors, il y avait environ un siècle, et on ne lui avait conservé de son caractère primitif que ce qu’il fallait pour donner un air vénérable à ce qu’on regardait comme confortable au commencement du règne de George III.
Cette aile, ayant toujours servi au logement de la maîtresse de la maison depuis que tout l’édifice n’était plus qu’une habitation mondaine, le colonel Howard, en entrant en possession temporaire de l’abbaye de Sainte-Ruth, ne dérogeant pas à cet usage, en fit d’abord l’appartement de sa nièce, ensuite sa prison. Mais comme la sévérité du vieux colonel conservait toujours quelques traces de ses vertus, les seuls sujets de plainte qu’eût sa nièce étaient le mécontentement de son oncle, et l’espèce de détention qu’il lui faisait subir. Afin que le lecteur puisse mieux juger de la nature de cet emprisonnement, nous allons sans plus de circonlocutions le transporter en présence de miss Howard et de Catherine Plowden, avec lesquelles il s’attend sans doute à faire plus ample connaissance.
La pièce qui servait de salon dans l’aile occidentale avait été