Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/167

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d’un tambour répété par les échos du labyrinthe des corridors de cette vieille maison soit une mélodie agréable pour troubler le sommeil de ceux qui l’habitent ?

— Je crois, Monsieur, que c’est le colonel Howard lui-même qui a désiré que le sergent fît ce matin l’appel de la troupe au son du tambour.

— Diable ! son oreille aime donc encore à entendre de temps en temps les sons qui lui étaient familiers autrefois ? Mais est-ce qu’on passe en revue les bestiaux de la ferme comme mes soldats ? J’entends des piétinements dans la cour, comme si cette vieille abbaye était une seconde arche de Noé, et que toutes les bêtes des champs vinssent y chercher un asile.

— Ce n’est qu’un détachement de dragons qui entre dans la cour, Monsieur ; et le colonel s’y est rendu pour les recevoir.

— Dans la cour ! un détachement de dragons ! de la cavalerie légère ! Est-ce que le vieux fou s’imagine que vingt gaillards comme les miens ne suffisent pas pour défendre contre les esprits et les bouffées du vent du nord-est un nid à corbeaux comme cette vieille abbaye ? Nous faut-il un renfort de troupes à cheval ? Hum ! je suppose que quelques-uns de ces messieurs en bottes ont entendu parler du vieux madère de la Caroline.

— Oh ! non, Monsieur ! c’est un détachement que M. Dillon est allé chercher hier soir, après que vous avez jugé à propos de faire mettre aux fers les trois pirates.

— Trois pirates aux fers ! s’écria le capitaine en se frottant encore les yeux, mais d’une manière plus réfléchie. Ah ! je me souviens que j’ai fait mettre au cachot, ou je ne sais où, trois drôles qui avaient l’air suspect. Mais qu’est-ce que M. Dillon ou ces dragons ont à faire avec eux ?

— C’est ce que j’ignore, Monsieur ; mais il paraît qu’on les soupçonne d’être des conspirateurs ou des rebelles des colonies. Les uns disent que ce sont des officiers-généraux déguisés, et que le général Washington est un d’eux ; les autres prétendent que ce sont seulement trois membres du parlement yankie, qui sont venus en Angleterre pour en apprendre les coutumes, afin de s’y conformer.

— Washington !… des membres du congrès !… Allez, fou que vous êtes, allez voir de combien d’hommes est composé ce détachement, et venez m’en rendre compte. Un instant ! mettez mes