Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/226

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renfort, car je crois vous avoir vus marcher de ce côté, et j’ai même entendu quelques coups de fusil.

— Quelques coups de fusil ! répéta le vainqueur ; je ne sais pas ce que vous entendez par quelques coups de fusil, mon brave et ancien ami. Il est possible que vous ayez eu une rencontre par semaine du temps de Wolfe, d’Abercrombie et de Braddock ; mais aussi je sais ce que c’est qu’un feu bien nourri, et je puis hasarder une opinion en pareille matière. Aux batailles qui se livrèrent sur l’Hudson, les décharges de mousqueterie se suivaient comme les coups de baguette sur un tambour. Je n’en parlerai pas, car il reste encore assez de monde pour en parler ; mais quant à cette affaire-ci, elle a été la plus chaude de toutes celles auxquelles j’ai jamais assisté (en égard au nombre des combattants, bien entendu), il ne manque pas de morts dans le bois, je vous assure, et, comme vous le voyez, je ramène plus d’un blessé.

— Est-il possible, s’écria le vétéran surpris, qu’un tel engagement ait eu lieu à une portée de mousquet de l’abbaye, sans que je l’aie su ! Ah ! la vieillesse ! maudite vieillesse ! j’ai vu le temps où une simple décharge m’aurait tiré du plus profond sommeil.

— La baïonnette est une arme silencieuse, répondit gravement le capitaine en faisant de la main un geste expressif ; c’est l’arme qui fait l’orgueil de l’Angleterre ; et tout officier expérimenté sait qu’une charge à la baïonnette vaut le feu de tout un peloton de cavalerie.

— Quoi ! en êtes-vous venu à la charge ? De par le ciel ! Borroughcliffe, mon jeune et brave ami, j’aurais-donné vingt pipes de riz et deux de mes meilleurs nègres pour assister à ce combat.

— C’eût été sans contredit un spectacle charmant ; mais pour cette fois nous avons vaincu sans la présence d’Achille. Je les ai faits tous prisonniers, tous ceux qui survivent, c’est-à-dire, tout ce qui avait mis le pied sur le sol anglais.

— Et le cutter du roi vient de s’emparer du schooner. Périsse ainsi la rébellion ! Mais où est donc Kit ? où est mon parent Christophe Dillon ? Je voudrais lui demander ce que les lois du royaume prescrivent à des sujets loyaux, dans le cas où nous nous trouvons. Voilà de l’ouvrage pour les jurés de Middlesex, capitaine Borroughcliffe, et peut-être même pour le secrétaire d’État ; Mais