Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/309

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cordons des rideaux, et les abandonnant au gré des vents, on les vit bientôt flotter en l’air à un pied ou deux de la croisée.

— Il les a vus ! s’écria Cécile : il a retiré ses pavillons, sans doute pour en préparer d’autres.

— Ayez toujours l’œil au télescope, ma cousine, et indiquez-moi les couleurs que vous verrez et l’ordre dans lequel elles seront rangées. Pendant ce temps, j’en chercherai l’explication.

— Il est aussi habile que vous. Voici deux autres pavillons qui voltigent au-dessus de la tour : celui de dessus est blanc, et l’autre noir.

— Blanc sur noir, répéta Catherine en feuilletant rapidement son registre ; m’y voici : Mon messager a-t-il été vu ? Il faut qu’il apprenne la triste vérité. Tenez, jaune, blanc et rouge. Cela veut dire : Il est prisonnier. Quel bonheur que j’aie préparé une telle question et une telle réponse ! Eh bien ! Cécile, que dit-il à cela ?

— Il prépare de nouveaux pavillons. Ne me touchez donc pas, Catherine ; car vous tremblez si fort que vous faites changer la position du télescope. Tenez, l’y voici. Cette fois-ci c’est jaune sur noir.

— Cela signifie Griffith, ou qui ? Il ne nous comprend pas, mais je ne pensais qu’à ce pauvre enfant en assemblant mes couleurs. Ah ! jaune, vert et rouge : Mon cousin Merry. Il ne peut manquer de nous comprendre à présent.

— Il a déjà retiré ses signaux ; mais il paraît que cette nouvelle l’alarme, car il est moins prompt à en préparer d’autres. En voici qui paraissent. Bleu, rouge et jaune.

— Cette question est : Suis-je en sûreté ? Voilà ce qui a occasionné sa lenteur, miss Howard ; Barnstable est toujours lent à songer à sa sûreté. Mais que lui répondre ? Si nous allions l’engager à avoir trop de confiance, et qu’il risquât quelque fausse démarche, comment pourrions-nous jamais nous le pardonner ?

— Il n’y a nulle crainte à avoir relativement à André Merry ; il ne parlera pas ; et quant à Borroughcliffe, je crois que s’il pouvait s’imaginer que ses ennemis sont si près de lui, il ne resterait pas à table.

— Il y restera tant qu’il aura du vin et qu’il sera en état d’en boire. Nous savons pourtant par une triste expérience qu’il est bon soldat quand l’occasion l’exige ; mais pour cette fois je me