Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/323

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même d’une femme doit rougir en voyant une adoration aussi profonde que celle qui peut enchaîner le capitaine Borroughcliffe à une table après souper. Eh bien ! ma cousine, votre alarme paraît dissipée ; voulez-vous nous montrer le chemin ? Miss Dunscombe et moi nous vous suivrons.

— Vous n’avez sans doute pas envie d’aller faire un tour de jardin, miss Plowden ? s’écria Borroughcliffe. La porte que vous allez ouvrir conduit au vestibule : c’est la porte en face qui donne dans la galerie.

Catherine sourit légèrement, comme si elle eût reconnu sa distraction, salua le capitaine, et dit en s’avançant vers la porte par où elle devait passer :

— Je crois que la folie de la crainte s’est emparée de quelques personnes qui ont su la déguiser mieux que miss Howard.

— Est-ce la crainte du danger actuel ou de celui qui est en réserve ? demanda le capitaine. Mais comme vous avez si généreusement stipulé en faveur de mon digne hôte, et même d’un autre individu que je ne nommerai point parce qu’il ne devait pas s’attendre à une telle attention de votre part, je me ferai un devoir spécial de veiller à votre sûreté dans ces moments de danger.

— Il y a donc du danger ? s’écria Cécile. Vos regards l’annoncent, capitaine Borroughcliffe ! Ma cousine pâlit, et je vois que mes craintes ne sont que trop fondées !

Le capitaine se leva enfin de table, et quittant le ton de badinage qu’il aimait à prendre, il s’avança vers le centre de l’appartement avec l’air d’un homme qui sentait qu’il était temps d’être sérieux.

— Un soldat est toujours en danger, miss Howard, répondit-il, quand les ennemis de son roi sont près de lui, et miss Plowden peut vous certifier, si elle le veut, qu’ils ne sont pas loin. Mais vous êtes alliées des deux partis, mesdames ; retirez-vous dans votre appartement, et attendez-y le résultat des événements qui se préparent.

— Vous parlez de dangers et d’ennemis, dit miss Dunscombe ; savez-vous quelque-chose qui justifie vos craintes ?

— Je sais tout, répondit Borroughcliffe sans la moindre émotion.

— Tout ! s’écria Catherine.

— Tout ! répéta miss Dunscombe avec un accent d’horreur.