Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/10

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qui courent le pays, venant on ne sait d’où et ne menant littéralement à rien.

— Voici la clause, veuillez l’écouter, Monsieur, s’il vous plaît, poursuivit Jack : « Le congrès ne fera pas de loi concernant l’établissement d’une religion, ou en défendant le libre exercice ; ou abrogeant la liberté, de la parole et de la presse, ou le droit du peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement des abus. » Voilà qui ira loin, je crois, pour la justification de tout le toast, Mike !

Ces derniers mots furent prononcés d’un petit air de triomphe et de contentement. Pour toute réponse, M. Dunscomb fit entendre un expressif, hum ! Quant à Michel Millington, il n’osait donner son opinion, et cela pour deux raisons. Il avait souvent éprouvé la sagesse supérieure de M. Dunscomb, et il savait que Sarah entendait toute la conversation. — Je voudrais bien que votre oncle mît un instant ce Code de côté, Jack ; et tâchons de savoir ce qu’il pense de nos autorités, dit Michel d’un ton bas.

— Allons, oncle Tom, s’écria le neveu plus hardi, sortez de votre réserve, et faites face à la Constitution de votre pays. Sarah elle-même peut voir que pour cette fois nous avons raison, et que mon toast est à l’épreuve.

— C’est une très-bonne épreuve, non seulement de votre esprit, mais de la moitié des esprits du pays. On ne peut proférer, pourtant, de plus grande absurdité que de prétendre que la Constitution des États-Unis est le palladium de quoi que ce soit concernant la liberté civile ou religieuse.

— Vous ne contestez pas la fidélité de ma citation, Monsieur !

— En aucune manière. La clause que vous lisez est un exposé fort inutile ; de certains faits qui existaient aussi distinctement, avant qu’elle fût rédigée, qu’aujourd’hui. Le congrès n’avait pas le pouvoir d’établir une religion, de supprimer la liberté de la parole ou celle de la presse, ou le droit de pétition, avant l’introduction de cet article, et par conséquent la clause elle-même est surérogatoire. Vous ne gagnez rien à votre motion, Jack.

— Je ne vous comprends pas, Monsieur. Il me semble que j’ai toute raison.