Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/132

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de confiance ; elle avait jeté de l’eau froide sur deux fois autant de légères flammes qui avaient commencé à brûler ; elle avait mis au feu quinze ou seize déclarations d’amour anonymes, en prose et en vers, qui venaient d’amateurs qui pouvaient l’admirer à distance, à l’Opéra et dans les rues, mais qui n’avaient pas d’autres moyens plus directs de communiquer avec elle. Les déclarations anonymes furent donc brûlées, sauf une exception. C’était en faveur d’un sonnet composé sur sa chevelure, qui, de fait, était magnifique. Par une sorte de magnétisme sentimental, Anna croyait que ces lignes avaient été écrites par Jack Wilmeter, l’un de ses plus assidus visiteurs et des heureux favorisés. Entre Jack et Anna, il y avait eu quelques galanteries échangées, qui avaient été vues de bon œil par la mère et le docteur Mac-Brain. Les parties elles-mêmes ne comprenaient pas leurs propres sentiments ; car les affaires n’étaient pas bien avancées, quand Marie Monson parut si étrangement sur la scène, attira Jack à elle, par la séduction de la surprise et du mystère, sinon par celle d’une passion véritable. Comme Sarah Wilmeter était l’amie la plus intime d’Anna Updyke, il n’est pas extraordinaire que cette singulière fantaisie du frère fût un objet de conversation entre les deux jeunes personnes ; chacune d’elles, probablement, était plus intéressée à sa conduite qu’aucune autre personne sur terre. Le dialogue que nous allons rapporter eut lieu dans la propre chambre d’Anna, le matin du jour qui précéda celui du mariage, et fit suite, assez naturellement, à certaines remarques qui avaient été faites sur l’événement qui approchait.

— Si ma mère était vivante, et qu’elle dût se marier, dit Sarah Wilmeter, je serais enchantée d’avoir pour beau-père un homme comme le docteur Mac-Brain. Je l’ai connu toute ma vie ; il est, et il a toujours été si intime avec l’oncle Tom, que je le regarde presque-comme un proche parent.

— Je l’ai connu aussi longtemps que je puis me rappeler, reprit vivement Anna, et j’ai non-seulement pour lui un grand respect, mais une vive affection : si je dois jamais me marier moi-même, je ne crois pas que j’aie moitié autant d’attachement pour le père de mon mari que je suis sûre d’en ressentir pour le docteur.