fut pas mentionné, je crois ; il ne le fut certainement pas à ce moment et dans la conversation à laquelle je fais allusion.
— Mais à d’autres moments, ma chère, et dans d’autres conversations ?
— Il dit une fois quelque chose sur le zèle de votre frère touchant les intérêts de la personne qu’il appelle sa cliente du comté de Dukes ; rien de plus, je vous assure. C’est le devoir des jeunes avocats de montrer beaucoup de zèle pour les intérêts de leurs clients, j’imagine.
— Assurément, et surtout quand le client est une jeune dame dont les poches sont bien garnies. Mais Jack est au-dessus du besoin, et peut agir avec droiture en tout temps et en toute circonstance. Je voudrais qu’il n’eût pas vu cette étrange créature.
Anna Updyke resta quelques instants silencieuse, jouant avec la bordure de son mouchoir. Elle dit alors timidement, et en parlant comme si elle désirait une réponse, tout en la redoutant :
— Marie Moulin ne sait-elle rien sur son compte ?
— Beaucoup, si elle voulait me le dire. Mais Marie, aussi, est passée à l’ennemi depuis qu’elle a vu cette sirène. Je ne puis obtenir un mot d’elle, quoique je lui aie écrit trois lettres, sinon qu’elle connaît « Mademoiselle » et qu’elle ne peut la croire coupable.
— Le dernier point, à coup sûr, est très-important. Si elle est réellement innocente, quel dur traitement elle a subi ! Il n’est pas étonnant que votre frère lui porte un si profond intérêt. Il a un cœur chaud et généreux, Sarah, et il lui sied bien de consacrer son temps et ses talents au service de l’opprimé.
Ce fut au tour de Sarah à être silencieuse et pensive. Elle ne fit pas de réponse, car elle comprenait bien qu’un mobile très-différent de celui que venait d’indiquer son amie dirigeait la conduite de son frère.
Nous avons rapporté cette conversation comme le moyen le plus court d’informer le lecteur du véritable état des choses dans la coquette habitation de mistress Updyke, dans Eighth-Street. Il nous reste néanmoins beaucoup à dire car nous sommes au matin du jour fixé pour le mariage de la maîtresse de la maison.
Dès six heures du matin, les futurs se rejoignirent à la