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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/143

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CHAPITRE XI.


La fraise croît sous les orties, et d’autres fruits y mûrissent près de fruits de moindre qualité.
Henry V.



Un joli pavillon s’élevait dans l’un des bosquets de Rattletrap dominant les eaux de l’Hudson, il avait pour fondation le roc du rivage. Il contenait deux chambres dans l’une desquelles Dunscomb avait fait placer une bibliothèque, une table, un fauteuil à roulettes et un divan. L’autre était meublée comme l’est ordinairement un kiosque, et restait toujours accessible à tous les membres de la famille. Le sanctuaire, ou le bureau, était fermé à clef : c’est là que le propriétaire apportait souvent ses paperasses, et passait des jours entiers, pendant les mois d’été, alors que c’est l’usage de se retirer de la ville, pour préparer ses causes. Le conseiller se dirigeait en ce moment vers cet endroit, accompagné de Timms ; ils avaient ordonné à un domestique d’apporter de la lumière et des cigares, fumer étant une des occupations régulières du bureau. En quelques minutes, les deux hommes de loi avaient un cigare à la bouche, et étaient assis à une petite fenêtre qui commandait une belle vue sur l’Hudson, sur sa flotte de yachts, de bateaux à vapeur, de remorqueurs et de charbonniers, ainsi que sur la rive opposée, haute et rocailleuse, et qu’on n’a pas improprement appelé les Palissades.

Les cigares, les verres, et cette scène ravissante, pleine de mouvement et de vie, parurent pour un moment arracher les deux hommes de loi à l’affaire qui les réunissait. C’était une preuve de l’effet de l’habitude qu’une personne comme Dunscomb, qui était réellement un noble cœur et l’ami de ses semblables, pût, à un tel moment, oublier qu’une vie humaine dépendait jusqu’à un certain point des décisions de cette entrevue, et permît à ses pensées de s’égarer bien loin d’un si