Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/16

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decin si vous l’aimez mieux, car la goutte ne m’a pas donne de ce printemps un seul avertissement, et j’espère, maintenant que j’ai renoncé au sauterne, et que je ne prends à mon dîner que quatre verres de madère…

— Deux de trop.

— Je m’engage à ne boire que du xérès, Ned, si vous voulez en permettre quatre.

— Accordé. Le xérès contient moins d’acidité, et conséquemment moins de goutte que le madère. Mais ma visite ce matin ne concerne pas ma profession, mais la vôtre.

— Ah ! c’est une affaire de loi ; au fait, maintenant que je vous regarde bien, je vois un certain trouble dans votre physionomie. Faut-il enfin formuler le contrat de mariage ?

— Il ne doit pas y avoir de contrat ; nos nouvelles lois donnent à la femme la direction sans contrôle de tous ses biens, et je suppose que ma future ne s’attend pas à prendre la direction des miens.

— Diable, oui, elle doit être satisfaite de la tournure que prennent les choses ; car elle restera maîtresse de ses tasses et de ses soucoupes, et même de ses maisons et de ses terres. Que je sois pendu, si jamais je consens à me marier, aujourd’hui que les avantages se trouvent d’un seul côté.

— Vous ne l’avez jamais fait, quand les avantages se trouvaient de l’autre. Pour moi, Tom, je suis disposé à laisser une femme maîtresse de son bien. L’expérience est bonne à faire, ne fût-ce que pour voir l’usage qu’elle fera de son argent.

— Vous aimez à faire des expériences parmi les femmes, et c’est pour cela que vous allez essayer d’un troisième mariage. Dieu merci me voici arrivé à l’âge de soixante ans, parfaitement heureux, sans en avoir essayé un seul.

— Vous n’avez goûté que la moitié de la vie. Aucun vieux garçon ne sait ce que c’est que le vrai bonheur. Il faut nécessairement être marié pour pouvoir l’apprécier.

— Je m’étonne que vous n’ajoutiez pas, marié deux ou trois fois. — Allons, allons, Ned, tâchez de sortir de ce mauvais pas, et conservez votre indépendance pour le reste de vos jours. Je