sujet, elle ne ressentait qu’un intérêt généreux pour le délaissement d’une femme malheureuse. Elle s’occupait donc bien moins des informations à prendre auprès de Marie Moulin que de la désolation de Marie Monson et de la cruelle épreuve qui l’attendait.
CHAPITRE XIII.
Est-ce donc pour cela qu’une voix unanime,
Sur ces bords a poussé le cri de liberté !
Est-ce donc pour cela qu’à ce cri magnanime
Le monde entier s’est agité !
e troisième jour après les entrevues que nous venons de rapporter,
toute la réunion quitta Rattletrap pour se rendre à Timbully,
où leur arrivée était attendue par les nouveaux époux.
Les assises du comté de Dukes allaient avoir lieu, et l’on croyait
que Marie Monson allait être jugée. À ce moment un si vif intérêt
en faveur de l’accusée dominait parmi les dames de la
connaissance de Mac-Brain et de Dunscomb, qu’elles avaient
toutes pris la résolution d’assister au procès. La curiosité contribuait
moins à ce mouvement que la bonté et la sympathie
naturelles aux femmes. Il y avait tant d’amertume dans le
malheur de Marie Monson, qu’il allait droit au cœur, et à cet
appel, silencieux mais éloquent, tout ce petit cercle répondit
avec un généreux empressement. Chez Anna Updyke les sentiments
étaient plus profonds que chez aucune de ses amies. Tout
étrange que cela puisse paraître, son intérêt pour John augmentait
celui qu’elle ressentait pour sa mystérieuse cliente, et cette
espèce de double passion ne fit qu’engager plus avant ses sentiments
en faveur de l’étrangère.
Le matin du jour où la réunion se rendait de Rattletrap à Timbully, Timms arriva à ce dernier endroit. Il était attendu, et fut bientôt enfermé avec le premier avocat.
— L’attorney du district a-t-il l’intention de suivre le jugement ? demanda Dunscomb dès qu’ils furent seuls.