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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/18

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dies, les vols, et autres abominations qui semblent prendre racine parmi nous, comme autant de plantes exotiques transportées dans un sol primitif.

— Au diable les exotiques et les primitifs ; les hommes sont partout les mêmes : mais quel rapport y a-t-il entre l’affaire qui vous amène ce matin et cet affaiblissement général de notre moralité ?

— Quel rapport ? vous allez le voir, quand vous aurez écouté ce que j’ai à vous raconter.

Alors le docteur Mac-Brain se mit en devoir de se délivrer du sujet qui pesait si lourdement sur son esprit. Il était possesseur d’une petite propriété dans un comté voisin, et il avait l’habitude, pendant la belle saison, d’y passer tout le temps que lui laissait la clientèle très-étendue qu’il avait en ville. Il est vrai qu’il n’y en passait pas beaucoup, quoique le digne médecin sût disposer si bien ses occupations, que ses visites à Timbully, nom de l’endroit en question, si elles n’étaient pas longues, étaient passablement nombreuses. Doué d’un bon cœur, jouissant d’une assez jolie fortune, il ne refusait jamais les services de sa profession à ses rustiques voisins qui s’empressaient de lui demander son avis, chaque fois qu’ils en avaient besoin. Cette portion de la clientèle du docteur était des plus florissantes, et cela pour deux raisons : la première, c’est qu’il était d’une adresse éprouvée ; la seconde, c’est que sa générosité était connue. En un mot, Mac-Brain ne recevait aucun honoraire pour les avis qu’il donnait aux proches voisins de sa maison de campagne. Cette circonstance le rendait extrêmement populaire, et il aurait bien pu être envoyé sur les bancs législatifs, n’eût été un peu d’eau froide versée sur le projet par un malin patriote, qui insinua que le temps consacré par le médecin aux affaires de l’État ne pourrait plus être employé à la guérison de ses voisins de Timbully. Ceci avait pu entraver l’avancement du docteur, sans lui rien ôter de sa popularité.

Il arriva que le futur époux était parti pour Timbully, à une distance de moins de quinze milles de sa maison de Blecker-Street, dans l’intention de faire les préparatifs pour la réception