avions la meilleure chance pour nous marier ; et j’ai été, moi, garçon toute ma vie, essayant en vain d’entrer dans cet heureux état du mariage, s’il mérite cette dénomination.
— Il ne vous serait pas difficile de trouver une compagne, dit la dame de la maison en secouant la tête, et cela par la raison que je viens de vous donner.
— Laquelle ?
— C’est que, vous autres hommes, vous avez fait les lois et vous en profitez. Vous pouvez demander la femme qui vous plaît ; mais une femme est obligée d’attendre qu’on la demande.
— Vous, n’avez jamais été plus dans l’erreur de votre vie, je vous assure, ma bonne mistress Horton. Il n’existe pas de loi à ce sujet. Toute femme peut aussi bien poser la question que tout homme. C’était du moins la loi, et je ne crois pas que le Code l’ait changée.
— Oui, nous savons cela, et elle sera tournée en dérision et montrée au doigt pour sa peine. Je sais qu’on raconte bien des choses sur l’année bissextile ; mais je n’ai jamais entendu dire qu’une femme ait jamais posé la question. Je crois que même Marie Monson y regarderait à deux fois avant de prendre une détermination si hardie.
— Marie Monson ! s’écria Dunscomb, se retournant tout à coup vers l’hôtesse : a-t-elle la réputation d’être prévenante pour les messieurs ?
— Non pas que je sache ; mais…
— Alors, permettez-moi de vous dire, ma bonne mistress Horton, interrompit le célèbre conseiller, d’un ton presque austère, que vous êtes très-blâmable d’avoir hasardé cette remarque. Si vous ne connaissez rien de la conduite de Marie Monson, vous auriez dû vous taire. Il est bien extraordinaire que les femmes, sensibles comme elles devraient l’être aux égards envers une personne de leur sexe, soient plus disposées même que les hommes à émettre des opinions légères et souvent malicieuses qui détruisent une réputation, et causent tant de mal dans le monde. De tous les péchés secondaires de votre sexe, la calomnie est le vice le plus bas, le plus contraire au christianisme, le plus