— C’est Anna Updyke, la belle-fille de mon meilleur ami, le docteur Mac-Brain ; c’est une jeune fille dévouée, affectueuse et excellente.
— J’ai entendu parler d’elle aussi, reprit Marie Monson avec un sourire si étrange que son conseil eût voulu qu’elle ne donnât pas cette marque d’un sentiment en apparence déplacé dans de semblables circonstances. On me dit que c’est une charmante jeune fille, et qu’elle est la préférée de votre neveu, le jeune homme que j’ai qualifié de ma vedette légale.
— Vedette ! c’est une singulière expression dans votre bouche.
— Oh ! vous vous rappelez que j’ai beaucoup été dans les pays où ces gens-là abondent. Je dois avoir appris le mot de quelques jeunes soldats d’Europe. Mais M. John Wilmeter est un admirateur de la jeune dame que vous avez nommée.
— Je l’espère. Je n’en connais pas avec qui il aurait plus de chances d’être heureux.
Dunscomb parlait avec chaleur, et dans de tels moments sa manière était éloquente et persuasive. C’était grâce à cette nature sensible et passionnée que sa parole avait tant de pouvoir sur l’esprit des jurés ; c’est aussi ce qui contribua grandement à sa fortune. Marie Monson parut surprise, et elle jeta vivement ses regards sur l’oncle d’une façon susceptible de mille interprétations. Ses lèvres s’agitèrent comme si elle se parlait à elle-même, et le sourire qui parut ensuite était à la fois doux et triste.
— À coup sûr, ajouta la prisonnière avec lenteur, mes renseignements ne sont pas de la meilleure autorité, puisqu’ils viennent d’une servante ; mais Marie Moulin est à la fois discrète et observatrice.
— Elle peut avec assez de raison parler d’Anna Updyke, puisqu’elle l’a vue presque tous les jours depuis deux ans. Mais nous sommes tous surpris que vous puissiez connaître quelque chose de cette jeune femme.
— Je la connais précisément comme elle est connue de votre nièce et de miss Updyke ; mais — désirant apparemment changer de conversation — pendant tout ce temps, vous oubliez le motif de votre visite, monsieur Dunscomb. Faites-moi la grâce