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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/212

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commença Marie de l’air le plus naturel du monde ; ce motif, et la distance que nous avions à parcourir, doivent vous expliquer l’heure indue de cette visite. Vous m’avez dit cent fois, vous-même, que vous veilliez tard et que vous vous leviez matin, c’est ce qui m’a encouragée à m’aventurer. M. Timms m’a écrit une lettre que j’ai cru convenable de vous montrer. La voici : quand vous y aurez jeté les yeux, nous parlerons de son contenu.

— Mais, c’est quelque chose qui ressemble beaucoup à une proposition de mariage ! s’écria Dunscomb, laissant tomber la main qui tenait la lettre, si tôt qu’il eut lu le premier paragraphe ; une proposition conditionnelle, parce qu’elle dépend du résultat de votre jugement.

— J’ai oublié le commencement de l’épître, n’attachant nulle importance à sa teneur, bien que M. Timms ne m’ait pas écrit une ligne, depuis peu, sans aborder ce point intéressant. Un mariage entre lui et moi est tellement en dehors de toutes les possibilités, que je regarde ces avances comme de purs embellissements. Je lui ai fait une fois directement ma réponse négative, qui devrait satisfaire un homme sage. On m’a dit qu’une femme ne doit jamais épouser un homme qu’elle a une fois refusé ; et ce sera pour moi un argument pour persévérer dans mon endurcissement.

Cela fut dit d’un air de plaisanterie, sans la moindre apparence de ressentiment, mais de manière à faire voir qu’elle regardait la proposition de son avocat comme très-extraordinaire. Quant à Dunscomb, il passa la main sur son front, et lut avec beaucoup d’attention le reste d’une lettre assez longue. La partie de la lettre, qui traitait purement d’affaires, allait droit au but ; c’était une communication importante, clairement exposée, et de toute manière faisant honneur à celui qui l’avait écrite. L’avocat la lut une seconde fois avec attention, avant d’ouvrir la bouche pour la commenter.

— Et pourquoi me montre-t-on cela ? demanda-t-il d’un air un peu vexé. Je vous ai dit que c’est une félonie que d’aider à un prisonnier dans une tentative d’évasion.

— Je vous l’ai montré, monsieur Dunscomb, parce que je n’ai