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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/216

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meilleure moitié. N’importe, ma chère, c’est un excellent garçon, et il fera un charmant papa.

Anna ne répliqua rien, mais sonna d’un petit air dépité (car un enfant n’aime pas à voir sa mère se remarier, tandis qu’on est plus indulgent pour un père), et pria son compagnon d’entrer. Comme femme de médecin en réputation, la nouvelle mariée avait déjà changé beaucoup de ses chères habitudes. Sous ce rapport, elle ne faisait qu’imiter tant de femmes, si heureuses de faire toute espèce de sacrifices en faveur de celui qu’elles aiment. Du reste, elle était affectueuse et bonne, elle faisait son bonheur d’embellir les jours de son second mari. À dire vrai, elle était passablement amoureuse, malgré son âge et les années plus nombreuses encore de son époux. Elle avait été si occupée des soins et des devoirs de sa nouvelle position, qu’elle avait un peu oublié sa fille. À aucune autre époque de sa vie elle n’aurait permis à son enfant bien-aimée de s’absenter dans de telles circonstances, sans de plus grandes garanties, pour sa sûreté et son bien-être ; mais il y une semaine de miel, comme une lune de miel, et la vivacité de ses nouveaux sentiments l’avait rendue moins soucieuse de ses devoirs maternels. Elle fut néanmoins bien aise de revoir sa fille, quand Anna émue, souriante et rougissant se jeta dans les bras de sa mère.

— La voilà, veuve… je veux dire mistress Updyke… pardon, mistress Mac-Brain la nouvelle mariée (ce diable de Ned vous met sens dessus dessous avec ses émotions, ses amours, ses mariages) ; voici votre fille sauve et non mariée, Dieu merci, ce qui est toujours une consolation pour moi. Elle est de retour, et vous ferez bien de la garder jusqu’à ce que mon neveu Jack vienne vous demander la permission de l’emmener, pour de bon et pour tout.

Anna rougit plus fort que jamais, tandis que la mère sourit et embrassa son enfant. Alors se succédèrent les questions et les réponses, jusqu’à ce que mistress Mac-Brain eût entendu toute l’histoire des rapports de sa fille avec Marie Monson, autant que le lecteur en sait. Anna ne se crut pas autorisée à aller au delà, ou si elle fit quelque révélation, il serait trop tôt pour nous de le répéter.