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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/231

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jusqu’à ces femmes, et mistress Mac-Brain et sa fille furent bientôt enfermées chez elles, s’entretenant de l’affaire de Marie Monson.

Sur les huit heures du soir, Dunscomb et Timms étaient très-occupés à examiner les minutes des témoignages, du verdict et autres documents écrits ayant rapport au prochain jugement. Mistress Horton avait réservé la meilleure chambre de sa maison pour l’illustre conseiller ; c’était une pièce, dans une aile séparée, fort éloignée du bruit et du remue-ménage d’une auberge pendant une tenue d’assises : c’était là que Dunscomb s’était installé. Deux chandelles jetaient une lumière sombre et blafarde, tandis qu’un paravent concentrait la lumière autour de lui. La pièce était parfumée de l’odeur de vrai cigare de Havane ; l’avocat principal était en train d’en fumer un, tandis que Timms tenait un bout de pipe à ses lèvres moqueuses. Aucun d’eux ne soufflait mot ; l’un lisait en silence les papiers que lui présentait l’autre. Telle était l’occupation des deux avocats quand un petit coup frappé à la porte fut suivi de la présence inattendue de « l’impudent » Williams. Timms tressaillit, ramassa tous les papiers avec le plus grand soin, et attendit avec la plus vive curiosité l’explication de cette visite imprévue. Dunscomb, d’un autre côté, reçut son hôte avec politesse, et comme un homme qui sentait que les disputes du barreau, auxquelles il était loin, du reste, de participer par bonté de caractère et par respect pour lui-même, n’avaient rien de commun avec la courtoisie de la vie privée.

Williams avait à peine un droit supérieur à celui de Timms de passer pour un homme comme il faut, quoiqu’il eût l’avantage d’avoir reçu ce qu’il appelait une éducation libérale. Dans ses manières il avait les défauts, et nous pouvons ajouter les mérites de l’école où il avait été élevé. Tout ce qu’on a dit de Timms à ce sujet, peut s’appliquer à Williams ; mais celui-ci avait un empire sur lui-même, une foi admirable en ses qualités, qui, à cet égard, l’auraient rendu digne d’un trône. Les étrangers remarquent avec étonnement combien les Américains sont maîtres d’eux-mêmes en présence des grands ; c’est en effet un des