Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/234

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le pays qu’en récompense de vos services, vous deviendrez M. Monson ; et si la moitié de ce que j’entends est vrai, vous la mériterez, avec un beau revenu par-dessus le marché.

Ici Williams rit à cœur joie de son propre esprit ; mais Dunscomb eut un air grave, tandis que son associé parut en colère. De fait, le coup avait été porté juste, et la conscience de la réalité du fait ajoutait à la passion intérieure sa flamme douce et pénétrante. L’avocat principal avait trop de fierté et de dignité pour faire aucune réplique ; mais Timms ne fut pas retenu par de semblables sentiments.

— S’il y a quelques rancunes dans le vieux comté de Dukes, il n’est pas besoin d’être sorcier pour en découvrir l’auteur. Dans mon opinion, le peuple doit suivre un procès dans un esprit de générosité et de justice, et non avec une arrière-pensée de malice et de vengeance.

— Nous avons tous la même manière de voir, répondit Williams avec dérision. Je crois qu’il y a générosité à vous donner une femme jeune et belle avec la bourse bien garnie, quoiqu’on ne puisse dire comment et par qui elle a été remplie. À propos, monsieur Dunscomb, on m’a autorisé à vous faire une proposition, et comme Timms est sur les rangs, ce moment est assez bien choisi pour vous la présenter à titre de considération. Mon offre vient du neveu, le plus proche parent et le seul héritier de feu Pierre Goodwin ; c’est pour lui, comme vous le savez, que je plaide. Ce monsieur est très-assuré que ses parents décédés avaient par-devant eux une grosse somme d’or à l’époque du meurtre.

— Il n’y a pas encore de verdict qui ait prouvé qu’il y avait eu meurtre, interrompit Timms.

— Je vous demande pardon, mon confrère Timms ; nous avons le verdict de l’enquête, c’est quelque chose, à coup sûr, bien qu’évidemment pas assez pour convaincre votre esprit. Mais pour en revenir à ma proposition, mon client est très-assuré qu’il existait des fonds cachés. Il sait aussi que votre cliente, Messieurs, regorge de pièces d’or, qui correspondent à une foule de pièces que plusieurs individus ont vues en la possession de notre tante…