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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/238

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fort, moi. Je parlerai à mistress Horton à ce sujet sur notre passage.

— Mieux vaut se taire, Esquire. Cette femme est notre amie pour le moment, je le sais ; mais une parole dure peut la faire tourner contre nous.

Il est probable que Dunscomb fut influencé par son compagnon, car il quitta la maison sans mettre sa menace à exécution. En quelques minutes, Timms et lui furent à la prison. Comme on ne pouvait refuser aux accusés de voir leur conseil à la veille d’un jugement, les deux avocats furent introduits dans la galerie déjà mentionnée. On instruisit Marie Monson de leur visite ; elle les reçut en compagnie d’Anna Updyke, la bonne, la tendre, la noble Anna, qui était toujours disposée à aider la faiblesse, et à consoler l’infortune de celle qui était à ses côtés. Dunscomb ne se doutait guère que l’intimité avait crû à ce point ; mais quand il vint à réfléchir que l’une des parties allait subir un jugement capital le lendemain, il fut disposé à pardonner l’indiscrétion manifeste de son ancienne favorite dans une telle situation. La présence de mistress Mac-Brain le déliait de toute responsabilité, et il répondit aux chaleureux serrements de mains d’Anna avec douceur, sinon avec une positive approbation. Quant à la jeune fille, la seule vue de l’oncle Tom, comme elle avait depuis longtemps l’habitude d’appeler le conseiller, réjouit son cœur et ranima de nouvelles espérances en faveur de son amie.

En quelques mots clairs et précis, Dunscomb exposa le motif de sa visite. Il n’y avait pas de temps à perdre ; il aborda directement la question, établissant chaque point de la manière la plus intelligible. Rien n’aurait pu égaler le calme de Marie Monson en écoutant cette explication ; sa contenance était aussi ferme que si elle-même était appelée à juger, et que son sort ne dépendît en rien du résultat.

— C’est une grosse somme à se procurer dans un si court espace de temps, continua le généreux Dunscomb, mais je crois la proposition si importante pour vos intérêts, que, plutôt que de perdre cet avantage, je n’hésiterais pas à vous avancer les fonds, si vous n’étiez pas en mesure.