Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/261

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Timms, qui vit que le juré s’était entretenu avec un de ses agents confidentiels ; ce que la Cour désire, c’est de savoir si on a rapporté quelque circonstance défavorable à Marie Monson, en votre présence ?

— Ou favorable ; ajouta Williams avec malice.

— Juré, dit le juge en intervenant, dites-nous si on vous a parlé des mérites de cette cause pour ou contre ?

— Des mérites, répéta Trueman, paraissant réfléchir de nouveau non, Excellence, je ne puis dire qu’on l’ait fait.

Ceci était le plus hardi mensonge qui fut jamais proféré ; mais Trueman mit la réponse d’accord avec sa conscience, en considérant que la conversation tenue devant lui roulait sur les démérites de l’accusée.

— Je ne vois pas, Messieurs, dit son Excellence, que vous puissiez récuser, à moins que vous n’ayez d’autres faits…

— Peut-être en avons-nous, Monsieur, répondit Williams. Vous disiez donc, monsieur Trueman, que vous rencontrâtes M. David Johnson, en vous rendant de l’auberge au palais ; vous ai-je bien compris ?

— Très-bien, Esquire : j’étais depuis longtemps avec Pierre Titus (l’un des agents les plus actifs et les plus confidentiels de Williams) quand Johnson survint. Johnson dit : un joli temps, Monsieur, dit-il. Je suis aise de vous voir tous deux, car les figures des vieux amis sont rares, par le…

— Je ne vois pas d’objection à la réception du juré, dit Williams avec insouciance, certain que Titus n’avait pas négligé son devoir dans ce long entretien.

— Oui, c’est un aussi bon juré qu’en peut fournir le comté de Dukes, dit Timms, parfaitement sûr que Johnson avait eu l’avantage du dernier mot.

Trueman fut donc admis sur le banc des jurés, comme le second des douze. Les deux tripoteurs avaient raison : Titus avait bourré sa vieille connaissance de tous les propos qui circulaient au préjudice de la prisonnière, exprimant sa surprise, après avoir raconté tout ce qu’il avait à dire, d’apprendre que son ami ferait partie du jury.