Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/301

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de la maladie dont ce malheureux était affligé. Il empoigna les cartes, rit, puis recula, et se mit à murmurer :

— Elle ne me laissera pas jouer, balbutia l’idiot, elle ne le voulait jamais.

— Qui voulez-vous dire par elle ? demanda Dunscomb. Est-ce une femme de cette maison, mistress Horton, par exemple ?

Autre regard malicieux avec un mouvement de tête, pour répondre négativement.

— Êtes-vous l’esquire Dunscomb, le grand avocat d’York ? demanda l’inconnu avec intérêt.

— Dunscomb est certainement mon nom, quoique je n’aie pas le plaisir de connaître le vôtre.

— Je n’en ai pas. On peut me le demander du matin au soir, je ne le dirai pas. Elle ne le permettra pas.

— Par elle, encore une fois, vous voulez dire mistress Horton, je suppose ?

— Non, ce n’est pas cela. Mistress Horton est une brave femme ; elle me donne à manger et à boire.

— Dites-nous alors qui vous désignez ?

— Vous n’en direz rien ?

— Non, à moins qu’il ne soit pas convenable, de garder le secret. Qui appelez-vous elle ?

— Eh bien, elle.

— Mais qui ?

— Marie Monson. Si vous êtes le grand avocat d’York, comme on le prétend, vous devez savoir tout ce qui concerne Marie Monson.

— Ceci est bien extraordinaire ! dit Dunscomb, regardant son compagnon avec surprise. Je connais quelque chose sur Marie Monson, mais pas tout. Pouvez-vous m’apprendre quelque chose ?

Ici l’étranger avança un peu hors de son coin, écouta comme s’il redoutait d’être surpris, puis mit un doigt sur sa lèvre, et d’un ton mystérieux fit « chut ! »

— Prenez garde qu’elle ne vous entende ; si cela arrive, vous pourriez vous en repentir. C’est une sorcière !