Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/316

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Marie consentit tranquillement à la proposition, priant en français sa suivante de rester dehors, dans l’obscurité, tandis qu’elle profitait de la lumière de la lampe dans la cellule.

Par la grandeur, la forme et les matériaux, la cellule de Marie Monson était nécessairement semblable à celle de chaque habitant de la prison. Mais le goût et l’argent avaient converti même cet endroit en une pièce confortable sous tous les rapports, si ce n’est sous celui de l’étendue. Deux cellules ouvrant sur la galerie, grâce aux bons offices de mistress Gott, avaient été appropriées à l’usage exclusif de la belle prisonnière ; l’une avait été meublée comme une chambre à coucher, tandis que celle où Timms était reçu en ce moment avait plutôt l’air d’un boudoir. Elle était recouverte d’un beau tapis, et avait une foule de ces petites élégances dont les femmes d’un goût cultivé et d’une belle fortune aiment à s’entourer. La harpe qui avait occasionné tant de scandale, et avec elle, une guitare se trouvait là ; des chaises de formes différentes, et commodes chacune dans son genre, encombraient la pièce, peut-être jusqu’au superflu. Comme c’était la première fois que Timms était admis dans la cellule, il était tout yeux, regardant avec un secret plaisir toutes ces marques de la richesse étalées devant lui. Après qu’on l’eut prié de s’asseoir, il se passa une minute avant qu’il répondît à l’invitation, tant sa curiosité était vivement éveillée. Ce fut pendant cette minute que Marie Moulin alluma quatre bougies, qui étaient déjà arrangées dans des candélabres de bronze, et qui produisirent dans cette petite pièce une lumière éclatante. Ces bougies étaient en blanc de baleine, substance qui remplace la cire en Amérique. Rien de ce qu’il vit alors, ou de ce qu’il avait jamais vu dans ses rapports avec sa cliente, ne fit sur Timms une si profonde impression que ce luxe de lumière. Accoutumé à lire ou à écrire avec deux mesquines chandelles de suif, quand il ne se servait pas d’une lampe, il crut voir, dans son imagination frappée, quelque chose de royal dans cet appareil éblouissant.

Était-ce une réponse que Marie Monson voulait donner en faisant à Timms une réception si extraordinaire, c’est ce que nous laisserons à la sagacité du lecteur à deviner ; mais les circon-