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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/324

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— Nous sommes armés de toutes pièces, Excellence, et disposés à amener l’affaire à une prompte conclusion, répondit Williams, jetant sur la prisonnière un de ces regards qui lui avaient justement attiré le sobriquet d’« impudent ». Crieur, appelez Samuel Burton.

Timms tressaillit. C’était porter le combat sur un autre terrain, et produire des témoignages qu’il redoutait beaucoup. Les Burton avaient été les plus proches voisins des Goodwin, et se trouvaient tellement à leur niveau, qu’ils avaient constamment vécu dans la plus grande intimité. Ces Burton se composaient du mari, de sa femme, et de trois sœurs non mariées. D’abord, ils avaient beaucoup causé avec Timms au sujet des meurtres ; mais au grand déplaisir de ce dernier, depuis quelque temps ils avaient été tout à fait muets ; cette circonstance l’empêcha d’anticiper sur le témoignage en dénaturant ces révélations prématurées des témoins, procédé assez en faveur de nos jours au barreau. S’étant vu si bien choyé dans ses premières entrevues, Timms était convaincu que les Burton soutiendraient la défense, et il s’était mis sur le meilleur pied avec les femmes, dont trois pouvaient raisonnablement aspirer à la main de l’intrigant avocat ; mais peu de temps après il apprit que Williams, introduit dans la maison, était devenu un rival heureux. Davis, le neveu et le proche parent des Goodwin, n’était pas marié non plus, et il est probable que ses fréquentes visites à l’habitation des Burton eurent une puissante influence sur ses intérêts. Quelle qu’en soit la cause, l’effet fut évidemment de fermer la bouche à toute la famille : tous les moyens employés par les agents de Timms n’avaient pu amener aucun d’eux à proférer une syllabe sur un sujet qui dès lors paraissait réellement être interdit. Aussi lorsque Burton parut à la barre et eut prêté serment, les deux conseils pour la défense attendirent, avec un intérêt également vif, que celui-ci ouvrît la bouche.

Burton connaissait les défunts, avait vécu toute sa vie près d’eux, était chez lui la nuit du feu, avait couru au secours du vieux couple, avait vu les deux squelettes, ne doutait pas qu’ils ne fussent les restes de Pierre Goodwin et de sa femme, avait