Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/339

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Biberry. Il vient ici deux ou trois fois par jour ; il s’assied et cause avec moi de la manière la plus aimable, à tel point que je l’aime mieux qu’aucun jeune homme de ma connaissance. Il cause de vous une bonne moitié du temps, et quand il ne parle pas de vous, il pense à vous ; j’en suis sûre, à la manière dont il regarde cette porte.

— Peut-être ses pensées se portent-elles sur Marie Monson, répondit Anna en devenant écarlate. Vous savez qu’elle est pour lui une sorte de cliente, et qu’il s’est mis à son service pendant quelque temps.

— Elle l’a à peine vu, presque jamais, si ce n’est à cette grille. Son pied n’a jamais franchi ce seuil, jusqu’à l’arrivée de son oncle ; et depuis, il n’y a pénétré qu’une fois. Marie Monson n’est pas l’être qu’il adore.

— Je crois qu’il adore l’Être que nous adorons tous, mistress Gott, reprit Anna en faisant de charmants efforts pour tourner la clef, et en y réussissant enfin. Ce n’est pas à nous, frêles créatures que nous sommes, à parler d’être adorées.

— Ou d’adorer, comme je dis à Gott, répliqua la femme du shériff en laissant partir sa compagne.

Anna trouva Marie Monson et Sarah marchant ensemble dans la galerie, et conversant avec vivacité.

— Il est singulier que nous n’apprenions rien de Michel Millington ! s’écria Sarah, comme Anna entrelaçait son bras dans le sien et rejoignait la compagnie ; il y a près de quarante-huit heures que mon oncle l’a envoyé à la ville.

— Pour mon affaire ? demanda vivement Marie Monson.

— À coup sûr ce n’est pas pour une autre, bien que je n’aie pas été instruite du motif de son départ. J’espère que vous pourrez renverser tout ce que ces Burton ont dit, et réparer le mal qu’ils ont fait.

— Ne craignez rien pour moi, miss Wilmeter, répondit la prisonnière, d’un ton de fermeté singulière. Je vous dis comme je l’ai souvent dit à votre amie, il faut que je sois acquittée ; que la justice ait son cours, dis-je, et que le coupable soit puni. J’entrevois maintenant toute l’histoire, je crois, et je dois me préparer