Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/352

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nière le droit d’insister sur ce fait devant les jurés, et son conseil ne manqua pas de le faire avec clarté et énergie. Après tout c’était là le point le plus délicat de la cause, et il était difficile d’obtenir une solution tout à fait satisfaisante.

La péroraison de Dunscomb fut digne, touchante, éloquente même ; il montra cette femme, si jeune, seule et sans défense, entourée d’étrangers et traînée à la barre sous le poids de charges aussi graves ; il fit ressortir tout ce qu’il y avait de noble et de distingué, de délicat et de charmant dans sa tenue, sa personne et ses manières ; et il demanda s’il était quelqu’un qui, avec l’âme et les sentiments d’un homme, pût croire qu’un être semblable eût commis les crimes imputés à Marie Monson.

L’appel fut puissant et dura juste assez pour produire un effet complet et favorable. Tous, juges, membres du barreau, jurés auditeurs, étaient en larmes. La prisonnière seule resta l’œil sec, mais sa figure était émue et animée : son empire sur elle-même était presque surnaturel.





CHAPITRE XXVII.


      — Je veux à ma colère
Donner enfin, Phœnice, une libre carrière ;
Tu verras devant moi s’abaisser son orgueil.

La Mère en détresse.



L’attorney du district était vivement pénétré de l’importance du devoir qui lui était dévolu. Quoique tous les jours nous ayons de toutes parts des preuves de la vérité de cette remarque de Bacon « Personne ne s’élève au premier rang dans l’État sans un mélange de grandes et de viles qualités, » ce favori du peuple avait ses bons côtés comme un autre. Il était humain, et contrairement à l’attente générale, et au grand désappointement de Williams, il prit sur lui la charge de faire le réquisitoire.

Le fonctionnaire public commença d’un air calme et doux ma-