Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/354

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qu’une insinuation. Il y avait deux manières légales d’attaquer la foi qu’on doit accorder à un témoin. L’une consistait à montrer chez lui une habitude de mensonge ; l’autre, à prouver par l’évidence même, que le témoignage ne pouvait être vrai. Avait-on employé l’une ou l’autre dans le cas actuel ? L’attorney du district ne le pensait pas. L’une, celle à laquelle on a recours d’ordinaire, n’avait pas même été tentée. Des insinuations plutôt que de légitimes déductions (il était forcé de le dire, malgré sa haute considération pour le conseil adverse), telle avait été la marche adoptée. Ce conseil avait prétendu que les circonstances n’étaient pas suffisantes pour justifier un verdict de culpabilité. C’était là une assertion dont le jury seul était juge. Si l’on ajoute foi aux dépositions de mistress Burton, appuyées par tant d’autres témoignages, on doit admettre que l’argent de Dorothée Goodwin fut trouvé dans la bourse de Marie Monson. C’était le point capital de la question. Tout dépendait de ce fait. Il le soumettait au jury, à son bon sens, à sa conscience.

De la part de la défense, on avait fortement appuyé sur cette circonstance que Marie Monson elle-même n’avait été retirée des flammes qu’à grand’peine. Sans assistance elle aurait probablement péri. L’attorney du district ne voulait rien nier de ce qui pouvait loyalement concourir à prouver l’innocence de la prisonnière. Le fait, sans contredit, s’était passé ainsi. Sans assistance, Marie Monson aurait pu périr. Mais l’assistance ne fit pas défaut ; car des étrangers se trouvèrent tout à fait à point, et lui rendirent ce service signalé, lis restèrent jusqu’à ce que tout fût fini, et disparurent. Personne ne les connaissait : d’où venaient-ils, où allaient-ils ? Après avoir prêté leur puissant secours pour sauver une vie, ils étaient partis sans récompense, et ils n’avaient pas même été nommés dans les articles des journaux à ce sujet. Les journalistes généralement disent plus qu’il n’est arrivé ; dans cette circonstance, ils avaient été muets.

Quant au danger couru par la prisonnière, il pouvait résulter d’une foule d’incidents qui n’affectaient en rien sa culpabilité ou son innocence. Après avoir commis les meurtres, elle pouvait s’être retirée dans sa chambre, et, sans s’y attendre, avoir