pas idée de ce qui avait été dérobé. L’infortunée délinquante maintint que son intention dans le moment fut innocente, ou que son seul objet fut de mettre l’or en sûreté mais elle fut obligée d’avouer que la possession du trésor excita peu à peu sa cupidité, jusqu’à ce qu’elle commençât à espérer que le magot pourrait éventuellement devenir son bien. Après avoir regardé dans le bas, elle vit la pièce entaillée et la mit dans sa poche. Quand la bourse de Marie Monson fut examinée, Sarah Burton, profitant de l’émoi, échangea la pièce entaillée contre celle qui était sans imperfection, ne se croyant pas observée, comme nous l’avons dit ; mais l’œil vigilant de Marie Monson était sur elle. La première fois qu’elle l’avait regardée, c’était par pur hasard ; mais le soupçon une fois soulevé, il était assez naturel de ne pas perdre de vue la femme sujette à caution. L’accusée vit la fraude, et au moment qu’elle jugea convenable, la circonstance fut produite à la barre lors du jugement. Sarah Burton affirma que d’abord elle n’avait songé qu’à un simple échange, et que plus tard elle avait juré le contraire, sans trop se préoccuper des conséquences.
Grand fut l’étonnement, innombrables furent les articles de journaux que fit naître l’issue inattendue des « grands meurtres de Biberry. » Le nom de Marie Monson passa d’un bout de l’Union à l’autre, et mille personnes entendirent parler de cette femme singulière, et lurent son histoire sans se douter le moins du monde de son caractère réel et de sa position sociale. Combien il y eut peu de gens qui réfléchirent aux défauts du système qui la condamnait à être pendue sur d’insuffisants témoignages ou qui, par des préjugés contraires, l’auraient acquittée quand même elle aurait été coupable !
Il y eut à Biberry une sorte d’effervescence populaire qui voulait forcer Marie Monson à se donner en spectacle public. Le droit de faire cette ovation, ainsi que tout autre abus de ce genre, paraît dériver « de la simplicité républicaine » qui semble gouverner le pays avec une verge de fer. Malheureusement pour ce sentiment, l’objet de cette sympathie momentanée n’était pas disposé à autoriser une semblable licence. Parce qu’elle avait été victime des faits les plus outrageants, elle ne se crut pas tenue de se sou-