Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/403

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— Eh bien ! vous en avez la gloire, Timms, permettez-moi de vous le dire, et bien des gens dans le pays disent que ce fut un tour admirable. Je suis votre amie, et l’ai toujours été. Vous avez bravement soutenu Gott à son élection, et je vous en remercie. Aussi vais-je vous donner une grande preuve de mon amitié. Renoncez à toutes vos idées sur Marie Monson ; elle ne vous épousera jamais.

— Quelles raisons avez-vous pour tenir ce langage ?

— D’abord, elle est déjà mariée.

— Elle peut obtenir un divorce. D’ailleurs son mari actuel n’est pas citoyen de notre république. Si je parviens à être sénateur, mon intention est de proposer une loi pour empêcher de se marier quiconque ne sera pas citoyen. Si des étrangers veulent des femmes, qu’ils se fassent naturaliser.

— Vous parlez comme un écolier ! Une autre raison pour laquelle vous ne devriez pas penser à Marie Monson, c’est que vous n’êtes pas fait pour être son mari.

— Sous quel rapport s’il vous plaît ?

— Oh ! sous plusieurs. Vous avez tous les deux trop de finesse d’esprit, et ce serait une source continuelle de querelles entre vous dès le premier mois, reprit mistress Gott en riant. Croyez-moi, Timms, jetez les yeux sur quelque jeune femme du comté de Dukes, d’une nature plus en rapport avec la vôtre.

Timms grommela en signe de dissentiment à cette proposition très-rationnelle, et la discussion continua encore quelque temps. À la fin la bonne femme fit impression sur lui, et quand il quitta la maison, il rabattit beaucoup de ses espérances, et son zèle au sujet du divorce fut grandement attiédi.

Sous un rapport, la situation de madame de Larocheforte était des plus étranges. Par goût et par affection, elle fréquentait beaucoup les jeunes ménages ; mais si l’amitié rendait ces relations douces à son cœur, l’image du bonheur conjugal dont elle était le témoin était pour elle un sujet de réflexions bien amères. Leurs jours coulaient si purs et si radieux ! L’amour répandait tant de charmes sur leur existence !… Mildred n’avait rien connu de tout cela ; elle avait fait un mariage de raison. Elle vit alors