— Vous connaissiez Goodwin ? demanda directement le docteur Mac-Brain au témoin.
— Oui, Monsieur, parfaitement.
— D’après vos souvenirs, avait-il toutes ses dents ?
— Je le crois.
— Supposé que toutes les dents de la mâchoire supérieure soient tombées, et que le squelette que vous supposez être le sien ait encore toutes ces dents, regarderiez-vous encore les faits que vous avez avancés comme une preuve meilleure, ou même aussi bonne que l’évidence donnée par la science, qui nous dit que l’homme qui a perdu ses dents ne peut plus les avoir ?
— J’ai peine à appeler cela un fait scientifique en aucune manière, Monsieur : le premier venu peut juger de cette circonstance aussi bien qu’un médecin. S’il en était comme vous le dites, je considérerais la présence des dents comme une assez bonne preuve que le squelette était celui d’une autre personne, à moins que les dents ne fussent l’œuvre d’un dentiste.
— Alors pourquoi ne pas mettre tout autre phénomène anatomique, d’une certitude égale, en opposition avec ce qu’on rapporte généralement touchant l’aile du bâtiment, la présence de l’homme, et toutes les autres circonstances que vous avez mentionnées ?
— S’il y avait quelque autre fait anatomique avéré, je le ferais. Mais dans l’état où se trouvent ces restes, je ne crois pas que le meilleur anatomiste ose dire qu’il peut distinguer s’ils ont appartenu à un homme ou à une femme.
— J’avoue que le cas a ses difficultés, répondit tranquillement le docteur Mac-Brain ; cependant, j’incline vers ma première opinion. J’espère, monsieur le coroner, que les squelettes seront soigneusement conservés, aussi longtemps qu’il peut y avoir quelque raison de continuer cette enquête légale.
— Assurément, Monsieur. Une boîte a été faite à ce dessein, et ils y seront enfermés avec soin, dès que l’enquête aura fixé un jour. Il n’est pas extraordinaire, Messieurs, qu’il y ait désaccord entre docteurs.
Ceci fut dit avec un sourire, et eut pour effet de maintenir la