Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/50

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que j’occupais, pendant près d’une demi-heure après ma sortie.

— Combien de temps avez-vous connu les Goodwin ?

— Depuis le jour où je vins pour la première fois habiter dans leur maison.

— Avez-vous passé dans leur compagnie la soirée de la nuit de l’incendie ?

— Non, je passais très-peu de temps dans leur compagnie, si ce n’est aux repas.

Cette réponse causa une légère agitation dans l’auditoire, dont la plus grande partie pensa qu’il y avait là une observation à noter. Pourquoi une jeune femme, qui vivait dans une maison si écartée de tout voisinage, ne passait-elle pas la majeure partie de son temps en compagnie de ceux avec qui elle habitait ?

— S’ils étaient assez bons pour demeurer ensemble, il me semble qu’ils pouvaient être bons assez pour se réunir, murmura une des plus actives bavardes de Biberry, d’un ton de voix assez haut pour être entendue de ses voisins.

Ceci était une simple allusion à une susceptibilité nationale augmentant de jour en jour et ayant trait à des prétentions personnelles : on considère généralement comme aristocratique de refuser de se mêler avec tout un chacun, lorsque la personne sujette à être remarquée a en apparence quelques avantages qui rendent ce commerce désirable. Tous autres peuvent agir suivant leur fantaisie.

— Vous n’étiez pas, alors, un membre ordinaire de la famille ; mais vous n’y étiez que pour un besoin tout personnel ? reprit le coroner.

— Je pense, Monsieur, que vous verrez, en y réfléchissant, que cet interrogatoire prend un cours très-irrégulier, dit Dunscomb en intervenant. Cela ressemble plutôt à l’interrogatoire d’un accusé qu’à une enquête.

— La loi permet les formes les plus libres dans tous les interrogatoires de cette nature, monsieur Dunscomb. Rappelez-vous, Monsieur, qu’il y a eu incendie et meurtre, les deux plus grands crimes dont les lois fassent mention.

— Je ne l’oublie pas, et je reconnais non-seulement tous vos