Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui passant devant les yeux sans sortir des mains de la propriétaire. Dunscomb crut devoir profiter de cette déposition pour faire remarquer au coroner qu’il n’était pas du tout surprenant qu’une femme si disposée à faire étalage de son trésor eût été volée et assassinée. » Cette remarque, cependant, manqua son effet par suite des développements que prenaient les soupçons à chaque déposition. L’impression générale faite sur le public fut qu’il y avait eu une longue préméditation, et que l’étrangère était venue, demeurer dans la maison, tout exprès pour avoir les facilités de commettre le crime.

Il restait encore à interroger un témoin, parent de la défunte, qui pour le moment se trouvait absent, mais qui avait été averti par le télégraphe de se rendre à l’enquête. Il y eut donc encore une suspension d’une heure, afin de donner le temps à la diligence d’arriver de la ville. Pendant cet intervalle, Dunscomb put voir avec quelle force les soupçons s’étaient enracinés dans l’esprit public ; mais ce qui lui semblait le plus étrange, c’était la parfaite tranquillité de la jeune fille, accusée de crimes si odieux. Il lui avait fait connaître la nature des soupçons qui pesaient sur elle, et elle avait reçu cette confidence avec un degré d’émotion qui l’avait d’abord alarmé, mais un calme inexplicable avait bientôt succédé à cette première explosion, et il avait besoin de chercher des preuves d’innocence dans cette physionomie si étrangement inspirée, qui semblait devoir soumettre tous les hommes à sa puissante influence. Lorsqu’il regardait l’étrangère, il ne pouvait la supposer coupable, mais lorsqu’il réfléchissait à tous les faits de la cause, il voyait combien il était difficile de faire partager aux autres la même opinion. Différentes circonstances, d’ailleurs, faisaient naître des doutes. Marie Monson avait refusé d’entrer dans aucun détail sur sa vie antérieure ; elle avait évité d’avouer, même à lui, son nom, son véritable nom ; elle s’était soigneusement abstenue de toute allusion qui aurait pu faire pressentir l’endroit de sa résidence antérieure, de tout fait qui aurait pu trahir son secret.

À l’heure fixée, la diligence arriva avec le témoin attendu. Sa déposition ne fit que confirmer ce qui avait été dit sur le petit