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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/75

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autour de Marie Monson, dans sa tournure, et surtout dans ses manières et dans sa voix, d’autres avantages personnels qui pouvaient très-bien captiver l’imagination d’un jeune homme et toucher son cœur tôt ou tard. De plus, John était entièrement sous l’influence de cette situation nouvelle ; s’il avait été éloigné de Biberry, il est probable que les sentiments et l’intérêt, qui s’étaient éveillés en lui d’une manière si soudaine et si puissante, se seraient évanouis, ou seraient restés dans l’ombre en sa mémoire, comme un mélancolique et pourtant agréable souvenir des heures passées, dans des circonstances où les hommes vivent vite, s’il ne leur arrive pas toujours de vivre bien. L’oncle songeait peu à quel danger il exposait son neveu en le plaçant comme une sentinelle de la loi, près de la porte de sa cliente emprisonnée. Mais l’expérimenté Dunscomb se préoccupait beaucoup de pousser John dans la vie active, et de le mettre dans des positions qui pussent l’amener à penser et à agir pour son compte ; il avait toujours eu l’habitude, précédemment, de produire le jeune homme, toutes les fois que les circonstances le lui avaient permis. Bien que le conseiller eût plus que de l’aisance, et que John et Sarah possédassent chacun une fortune très-respectable, qui les rendait tous deux indépendants, il était excessivement jaloux de voir son neveu lui succéder dans le barreau.

Il avait, pour ainsi parler, les mêmes principes à l’égard de sa nièce ; il aurait voulu la voir devenir la femme d’un homme dans les affaires ; et la circonstance même que Millington bien qu’avec de hautes et belles relations, se trouvait presque sans fortune, n’était pas une objection à ses yeux à l’union que Sarah avait tant de penchant à contracter. Les deux jeunes gens avaient donc été laissés sur le terrain pour prendre en main les intérêts d’une cliente qui inspirait à Dunscomb un intérêt si puissant, quelque disposé qu’il fût à craindre que les apparences ne fussent trompeuses.

Nos jeunes gens n’étaient pas oisifs. Non contents de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour contribuer au bien-être personnel de Marie Monson, ils déployaient toute leur activité et leur intelligence à recueillir, en les annotant, tous les faits qui