Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/114

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n’êtes pas forcé de partir, et comme homme, ne devriez-vous pas être plus sensible aux malheurs de vos compatriotes ?

— C’est comme homme que je pars, Cécile, répondit Lionel : j’ai pour cela des motifs que vous ne pouvez soupçonner.

— Et votre absence doit-elle être longue ?

— Si elle ne dure quelques jours mon but ne sera pas rempli ; mais, ajouta-t-il en lui pressant doucement la main, vous ne pouvez douter de mon empressement à revenir dès que cela me sera possible.

— Allez donc, dit-Cécile vivement et en dégageant sa main qu’il tenait encore ; allez, puisque vous avez des raisons pour agir ainsi ; mais rappelez-vous que tous les yeux sont ouverts sur les moindres mouvements d’un officier de votre rang.

— Vous défiez-vous de moi, Cécile ?

— Non ! non ! je ne me défie de personne, major Lincoln ; allez, allez…, et… et venez nous voir, Lionel, dès que vous serez de retour.

Il n’eut pas le temps de lui répondre, car elle rentra si vite dans la maison que Lionel eut à peine le temps de remarquer qu’au lieu de rejoindre sa cousine, Cécile monta le grand escalier avec la grâce et la légèreté d’une sylphide.



CHAPITRE IX.


Arborez la bannière sur les murs extérieurs. Le cri de guerre est toujours : Les voici !
Shakspeare. Macbeth.


Lincoln, en sortant de la maison de Mrs Lechmere, se dirigea vers Beacon-Hill, et il avait gravi une partie de la colline avant de s’être souvenu pourquoi il errait ainsi seul à une pareille heure. Il s’arrêta alors un instant, mais, n’entendant aucun bruit dans la direction des casernes, il céda sans le savoir aux sentiments divers qui lui faisaient rechercher la solitude, et il continua sa marche jusqu’à ce qu’il fût parvenu sur le sommet. De cette posi-